Balenciaga, couturier-sculpteur

Sous un angle original : le noir, sa couleur fétiche, dont il a su capter l’intensité radicale. Le noir est le fil rouge de ce parcours d’une centaine de pièces exceptionnelles – du prototype jusqu’aux dernières collections –, issues du Musée Galliera et de la maison de couture. Ces œuvres précieuses présentées dans leur écrin ouvert – noir évidemment – ou dans leurs boîtes de verre, se confrontent aux œuvres monumentales de plâtre et de marbre blanc du sculpteur. Balenciaga était une sorte de couturier sculpteur et, dans cet atelier très habité, il s’établit un dialogue qui fonctionne pleinement. Celui qui habilla les personnalités du monde entier a conservé un attachement très fort à l’âme et la culture espagnoles, puisant son inspiration dans les vêtements traditionnels et travaillant une multitude de matières : taffetas de soie, velours, cloqués ou le fameux gazar permettant des nuances nacrées, des tissus très aérés. Dans la lumière, les tissus révèlent non pas un noir, mais des noirs aux nuances infinies d’opacité, de transparence, de brillance, d’effets graphiques. Celui qu’on surnomma « le Picasso de la mode » a inventé des lignes légendaires : robe tonneau, manches ballon, robe-sac, manteau-pèlerine, et va aller dans les années 1960 vers une forme d’abstraction en créant des volumes abstraits comme cette étonnante robe cône qui flotte dans l’espace. Avec style et sobriété, Balenciaga a dégagé la silhouette des femmes tout en les rendant élégantes, quelle que soit leur morphologie.