Claudel, l’amante implorante de Rodin

On peut y admirer, entre autres, L’Implorante. « Ma sœur Camille, Implorante, humiliée à genoux, cette superbe, cette orgueilleuse, et savez-vous ce qui s’arrache à elle, en ce moment même, sous vos yeux, c’est son âme », a écrit Paul Claudel. Lorsque Camille Claudel entre au service de Rodin dans son atelier, une voie s’ouvre à elle. « Elle avait besoin de s’inscrire dans la possibilité de s’envisager comme un créateur reconnu. Si elle était restée seule, elle n’aurait pas pu exister : elle a pris une place, et Rodin a reconnu son travail », remarque le psychanalyste Thierry Delcourt. L’Implorante exprime le drame de la rupture. « Son ego en formation est alors neutralisé : elle le reconstruit par le délire, de façon artificielle. » Si Camille l’humiliée se mettra bientôt à détruire tout ce qu’elle fait en s’emportant contre « la bande à Rodin », son vieil amant, pourtant, ne cesse de soutenir financièrement à son insu celle qui offrit à son art à lui une dimension plus sensible, plus voluptueuse, moins académique.