Céline Cléron, artiste

Nous la trouvons penchée sur urne confectionnée, à sa demande, par un maître verrier. Elle y introduit du sable coloré qu’elle tasse avec un petit outil de son invention. Le défi technique est de taille, car elle se lance dans la création d’un tableau de sable. Non un de ces paysages kitchs où flânerait un dromadaire à l’ombre d’une pyramide, mais un portrait en sable noir et blanc inspiré de ceux du Fayoum datant de l’Égypte romaine. L’œuvre en devenir est fidèle à la démarche créatrice de Céline Cléron qui détourne des objets et des savoir-faire du passé pour les réactiver de façon très personnelle. C’est ainsi que, sous ses doigts de fée, une cornette de bonne sœur s’est changée en cocotte en papier, que les lianes d’un saule pleureur se sont parées de bigoudis, ou encore que des ammonites, fendues par le milieu, sont maintenant des yoyos en état de fonctionner. Si l’on perçoit d’emblée la portée poétique de ces objets chimériques, ils n’en sont pas moins plausibles. De cette ambivalence naît leur pouvoir évocateur, mélange d’humour et d’ironie teinté de surréalisme. Céline Cléron, bercée à la lecture des encyclopédies illustrées de son enfance, voulait être archéologue. À sa manière, elle y est parvenue en exhumant de sa bibliothèque mentale les milliers d’images et de références qui font, aujourd’hui, le sel et la richesse de son univers singulier.