Maël Gourmelen jette l’encre

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 17 mars 2017 - 329 mots

Partout sur le globe, toute la planète de l’illustration, ivre de technologie, s’acharne sur ses tablettes numériques et inonde les réseaux sociaux de ses créations générées sur le dernier logiciel à la mode (procreate) et dont on peut apprécier (ou pas) la genèse « pixel-lissée » presque en temps réel.

Toute la planète ? Pas totalement puisque dans la pénombre de son atelier du XVe arrondissement parisien, loin des injonctions de l’autre toile, Maël Gourmelen libère frénétiquement ses pinceaux et les envoie nager la brasse papillon dans des jus d’aquarelle spontanés, à l’ancienne, sans filet, sous-tendus par un dessin vif qui ne souffre pas la médiocrité. Sur d’antiques papiers Arches épais, glanés dans ce qui reste de points de vente, il étale des formes incisives, une palette habile, intentionnellement restreinte pour évacuer les fautes de goût. À un rythme quasi circadien, l’illustrateur d’origine bretonne étanche sa soif d’image. Car il est le premier spectateur de ses visions, il veut conserver en elles la puissance émotionnelle des premières fois pour en garantir l’impact visuel qu’il sait fugace. Sa formation artistique très complète lui donne une belle longueur d’avance pour relever les défis éditoriaux : arts appliqués et métiers de l’imprimerie, avec une connaissance aiguë de la chaîne d’impression, de la maquette et de la composition, puis CFT Gobelins, section animation. C’est dire si la précision du mouvement, la fluidité de la narration, l’assurance de voir ses personnages sous les angles les plus pertinents, font les exigences minimum de cet artiste insatiable. Quand son talent n’est pas convoqué par le réalisateur Wes Anderson ou par les studios d’animation parisiens, ce digne héritier graphique de Ronald Searle produit pour la presse, l’illustration jeunesse et pour adultes. Avec seulement trois livres à son compteur, le Breton déchaîne déjà les passions. Maël Gourmelen vient de jeter l’encre dans l’édition, et un océan d’auteurs réclame déjà celui qui magnifie leurs plumes.

Émilie Chazerand et Maël Gourmelen, Quel morfal ce Gwendal, Deux Coqs d’Or, collection des Petits Livres d’Or, 3,95 €.

Collectif, Déclaration des droits de la femme illustrée, Éditions du Chêne, 152 p., 14,90 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Maël Gourmelen ”‰jette l’encre

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque