Il y a de «Â la joie », prévient en lettres colorées le titre de «Â Manif d’art », huitième Biennale d’art contemporain de Québec, sans vraiment dire où la trouver.
D’ailleurs, nous ne la trouverons pas facilement dans l’exposition principale sise au Musée national des beaux-arts de la ville. C’est qu’il faut la chercher ailleurs, dans le roman L’Art de la joie de Goliarda Sapienza [Le Tripode, 23 €], dont la lecture a tourneboulé la commissaire de la biennale, Alexia Fabre, qui en fait son thème. Le roman narre l’histoire de Modesta, héroïne sicilienne née en 1900, qui va traverser le XXe siècle (et ses horreurs) à la recherche égoïste de son propre plaisir. De l’immoralité élevée au rang d’art… On ne s’étonnera donc pas que la commissaire française soit venue avec, dans ses valises, des artistes a priori plus graves que joyeux : Christian Boltanski, Annette Messager, Clément Cogitore et Jean-Luc Verna, récemment exposé au Mac-Val. Et, contre toute attente, c’est le premier qui parvient le plus à toucher la complexité de « la joie » selon Modesta, avec une vidéo spécialement produite pour l’occasion, nouveau chapitre à une œuvre entamée au Chili en 2014 : Animitas. L’artiste est en effet allé filmer près de huit cents clochettes japonaises, disposées dans la neige (et la tempête) de l’île d’Orléans, près de Québec, selon la carte du ciel du 6 septembre 1944 (jour de sa naissance). Leur tintinnabulement représente autant les âmes perdues que l’espoir de les sauver dans une œuvre aussi belle qu’universelle. Cette complexité du sentiment est différemment suggérée par la vidéo-installation de Jacynthe Carrier avec L’Orchestre d’hommes-orchestres, Parade, qui met en scène la procession d’une fanfare évoquant autant la parade festive que l’exil, et par Soudain, la beauté, installation de Pierre&Marie, soit un charnier de peluches au milieu desquelles poussent des arbres recouverts de velours noir – évocation des incendies qui ont dévasté le Canada – et plantés d’un cœur. Et l’intérêt de la biennale réside bien là, dans la découverte d’artistes qui forment la scène québécoise actuelle emmenée par le collectif BGL : Jacynthe Carrier et Pierre&Marie donc, mais aussi Jordan Bennett, Cynthia Dina-Mitchell, Dan Brault… Tous sont exposés au Musée national des beaux-arts et hors les murs, à Québec. Dans le ciel par-dessus les toits, dans les ruelles, partout, il y a de la joie : celle de faire de passionnantes découvertes.
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La joie de faire des découvertes
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : La joie de faire des découvertes