La revanche d’Albert Maignan

Les retrouvailles entre Albert Maignan et la capitale du Loiret doivent en effet beaucoup à la trajectoire de la nouvelle directrice du musée. Précédemment en poste au Musée de Picardie, Olivia Voisin y avait exhumé les dessins de Maignan. Un fonds pléthorique qui compte entre autres de nombreuses feuilles relatives au concours de 1893 pour les vitraux de la cathédrale d’Orléans. Ce concours majeur où le peintre était donné favori ex aequo avec Eugène Grasset, mais qui a été remporté, à la surprise générale, par Jacques Galland et Esprit Gibelin. L’occasion de restaurer ses beaux dessins et de les dévoiler était donc trop belle pour ne pas être saisie au vol. Rapidement, le propos de l’exposition s’est élargi à l’intégralité des concurrents de ce concours phare de la fin du XIXe siècle. Première grande commande publique dédiée à Jeanne d’Arc, qui n’était alors ni sainte ni bienheureuse, ce cycle de vitraux a en effet joué un rôle majeur dans l’engouement populaire pour ce personnage et dans la constitution de la geste « jehannique ». Ce concours a aussi été un véritable feuilleton culturel et le creuset de débats animés sur la représentation moderne d’un fait historique. La réunion d’une centaine de dessins et de cartons permet de faire revivre avec finesse ce débat passionnant au carrefour d’enjeux religieux, esthétiques et politiques. Et de rendre justice à Maignan !