« L’architecture brutaliste me fascine », dit Jürgen Nefzger, mais pas comme on pourrait l’entendre.
Le regard qu’il porte sur les constructions ou les quartiers d’habitation ou de villégiature qui ont fleuri en Europe à partir des années 1950 n’a rien d’élégiaque. Ces symboles de la modernité à la portée de tous et de la société de consommation épanouissante, il les confronte au contraire aux situations urbanistiques, sociales ou environnementales lourdes de conséquences qu’ils ont générées et que la crise économique a éclairées d’une lumière crue et sans appel. Ses préoccupations sont en effet ailleurs, justement dans la dureté de ces édifications. La nature, le paysage ou l’homme n’y échappent pas. En Espagne, les projets immobiliers ou touristiques en jachère, ou la blancheur des panneaux publicitaires vierges de toute réclame en Grèce, forment des récits sans concession. Seule la lumière adoucit l’absurde ou le terrifiant. La brutalité constitue le fil conducteur de l’œuvre. Cet horizon large qui nous en est donné pour la première fois permet de le relever au rythme d’un nombre restreint de travaux récents ou anciens, souvent inédits. Tels son dernier film The Eye of the Bull, ou la série de vingt-quatre panoramiques réalisés entre 1995 et 2000 sur les marqueurs urbains de la vie moderne que sont les pavillons, les centres commerciaux, Disneyland, le littoral de La Grande-Motte ou sur l’implosion d’une barre HLM à Meaux. Placée en ouverture, cette série de jeunesse jamais tirée auparavant est d’autant plus intéressante qu’on y retrouve le terreau des séries ultérieures, que ce soit celle des nuages des centrales nucléaires (la fameuse Fluffy Clouds) ou celle de la nature qui reprend ses droits dans la zone périurbaine en friche de Villaflores en Espagne.
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Le brutalisme de Jürgen Nefzger
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Abonnez-vous dès 1 €Maison d’art Bernard Anthonioz, 16, rue Charles-VII, Nogent-sur-Marne (94), www.maba.fnagp.fr
Légende Photo
Jürgen Nefzger, Vall Fosca, ski and mountain ressort, Espagne, 2015, série La Loi du sol © Jürgen Nefzger, courtesy Galerie Françoise Paviot.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Le brutalisme de Jürgen Nefzger