TOURS
TOURS - Un bloc de pierre en lévitation sur la banquise. Ainsi se présente le nouveau Centre de création contemporaine Olivier Debré, à Tours, tel que l’a métaphoriquement imaginé l’agence portugaise Aires Mateus, lauréate, en 2012, du Concours international d’architecture.
L’édifice est, en réalité, constitué de deux ailes. D’un côté, sur l’artère principale (la rue Nationale), la Nef, bâtiment-phare de l’ex-école des beaux-arts construite dans les années 1950 par l’architecte et urbaniste Pierre Patou, a été conservée – un impératif du concours – et réhabilitée de pied en cap. De l’autre, un nouveau parallélépipède réalisé en pierre de taille, et non en pierre agrafée – l’effort est louable ! –, semble reposer sur une galerie en verre périphérique. Entre ces deux corps, un hall d’entrée oblong fait la jonction, disposant d’une entrée à chaque extrémité. Surface totale : 4 500 m2, dont 1 700 d’exposition. Coût des travaux : 16 millions d’euros. La Nef a préservé les hautes parois vitrées de sa façade principale et, sur les côtés, de nouvelles baies ont été percées. L’espace, ainsi métamorphosé, devient une vaste salle d’exposition de 13 m sous plafond – de quoi accueillir des œuvres monumentales –, amplement ouverte sur la ville. Un attique a été ajouté pour y installer les bureaux.
Le nouvel édifice, lui, est la pièce maîtresse du projet. Conçu avec un matériau local, la pierre de Tercé, et selon un calepinage élégant, ce monolithe arbore des pans uniformes se disjoignant par moments à travers un subtil travail de pleins et de vides pour générer des ouvertures de différentes dimensions qui laissent entrer la lumière naturelle à l’intérieur. Il héberge, notamment, deux autres grandes salles d’exposition. Au rez-de-chaussée, supportée par quatre uniques poteaux, la Galerie noire offre une pièce sombre entièrement modulable avec cloisons amovibles et fenêtres que l’on peut obturer totalement grâce à des portes coulissantes, en vue d’y présenter films et œuvres lumineuses, numériques ou multimédias. À l’étage, la Galerie blanche, généreux espace de près de 400 m2 sous 6,20 m de hauteur, déploie de hauts murs laiteux et des accès par ses angles. Elle bénéficie, en outre, d’un éclairage naturel produit par une série de puits de lumière tous dissemblables. L’édifice accueille, entre autres, trois auditoriums, une librairie, un café, un centre de ressources, ainsi que des salles d’archives. Une fois n’est pas coutume, le 1 % artistique a été dévolu au graphisme et André Baldinger et Toan Vu-Huu livrent ainsi l’ensemble de l’identité visuelle et de la signalétique du lieu. À l’instar ce qui a été fait pour le bâtiment, le duo semble avoir creusé la typographie au ciseau, tels des tailleurs de pierre.
Désormais logé dans un édifice flambant neuf, ce centre d’art était, jusqu’en 2008, « un lieu sans collection » (dixit Alain Julien-Laferrière, son directeur). Depuis cette date, il dispose néanmoins d’une donation de choix : un fonds conséquent de plus de 300 pièces (dessins, peintures, archives, etc.) du peintre Olivier Debré, artiste tourangeau disparu en 1999, à l’âge de 79 ans.
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De pierre et de glace
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Abonnez-vous dès 1 €Centre de création contemporaine Olivier Debré, Jardin François-Ier, Tours (37), www.cccod.fr
Légende Photo
Le Centre de création contemporaine Olivier Debré (CCC OC), à Tours. © Photo : B. Fougeirol.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : De pierre et de glace