Certaines expositions forcent le respect. « L’Éveil d’une nation » appartient clairement à cette catégorie, tant elle est le fruit d’une impressionnante somme de travail et d’une volonté à toute épreuve.
Face à la qualité de son exécution et à la grande maîtrise de son sujet, difficile d’imaginer les obstacles qu’ont dû affronter ses organisateurs : l’historien de l’art Ridha Moumni et la Fondation Rambourg Tunisie, une structure dédiée à la promotion de l’art et de la culture. Ils ont en effet monté ce projet en à peine un an ; un délai presque impossible à respecter quand on sait qu’il inclut aussi la restauration de la majorité des œuvres et la réhabilitation de l’espace d’exposition, le Qsar es-Saïd. Malgré le mauvais état de conservation du palais, il était impossible de présenter l’exposition ailleurs tant son propos est intimement lié à ce site. Il s’agit en effet de la dernière demeure des beys, les souverains de Tunisie avant l’avènement du protectorat en 1881. « L’éveil d’une nation » raconte justement la période charnière qu’a connue la Tunisie au XIXe siècle, quand les derniers beys ont conduit une série de réformes progressistes – abolition de l’esclavage, liberté de culte – et ont adopté la toute première constitution du monde arabo-musulman. « Pourtant, cette période fondamentale demeure méconnue car elle a longtemps été occultée par le régime politique », explique son commissaire. « Ainsi, le public n’avait jamais eu accès aux œuvres et aux documents qui traitent de cette époque, ni au palais, qui était presque à l’abandon. » Il aura fallu des trésors de patience pour que l’État accepte ce partenariat public-privé et confie ses précieux documents et les œuvres qui sommeillaient en réserve depuis des lustres. Manuscrits, dessins, uniformes, céramiques, documents, et tableaux tissent un parcours rigoureux mais sensible. Un parcours qui préfigure en quelque sorte le futur musée d’histoire que les organisateurs de l’exposition espèrent voir prochainement ouvrir dans ce lieu symbolique.
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Éloge de la modernité tunisienne
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Abonnez-vous dès 1 €Palais Qsar es-Saïd, route du Bardo, Tunis, Tunisie, www.leveildunenation.com
Légende Photo :
Charles-Philippe Larivière, Portrait de Mustapha Khaznadar, huile sur toile, Palais Qsar es-Saïd, Tunis. © Fondation Rambourg Tunisie
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Éloge de la modernité tunisienne