C’est sur les rives du Léman que voient le jour, en 1816, deux des plus influentes figures de la culture occidentale du fantastique : le vampire moderne et la créature du Dr Frankenstein.
L’exposition « Retour des ténèbres » célèbre ce bicentenaire en se penchant sur la genèse et la postérité de ces fictions inséparables de l’imaginaire gothique. Ce dernier est décrypté au fil d’un parcours fleuve illustré d’œuvres allant du XIXe au XXIe siècle. Leur nombre et leur variété dessinent les contours d’un genre qui n’a eu de cesse de s’adapter aux goûts et aux préoccupations des époques qui l’ont jalonné. L’été 1816 fut sans soleil pour lord Byron. Les cendres du Tambora, volcan indonésien entré en éruption l’année précédente, venaient d’atteindre l’Europe. Cet épisode météorologique désastreux aurait inspiré l’auteur de Darkness, sombre poème qui inspira, à son tour, Mary Shelley et John Polidori quand ils rédigèrent Frankenstein ou le Prométhée moderne et Le Vampire, publiés en 1818 et 1819. Ces textes fondateurs de l’imaginaire gothique ont dicté les thèmes de l’exposition : le terrible sublime, les catastrophes naturelles, le conflit entre la science et la nature, l’opposition entre raison et sentiments, le rêve dans la création, la mort, le corps fragmenté, la suture, le double monstrueux, la solitude moderne, la différence et l’exclusion… Tous les médias sont convoqués, du tableau à la vidéo, et souvent par des œuvres de qualité. Aux inquiétantes apparitions signées Füssli, Schwabe ou Romney succède la terrible Leçon d’anatomie, peinte par Daniel Ihly, en 1900. Cependant, le frisson ne vient pas. Au contraire, il s’éloigne une fois arrivé au sous-sol du Musée Rath dédié aux XXe et XXIe siècles. Là, comme ailleurs, un choix d’œuvres plus restreint aurait mieux servi le propos et davantage captivé le visiteur. Si indigestion il y a, elle ne peut venir de la lecture des textes de salle, tant ils se distinguent par leur absence. Une carence dommageable au regard de l’érudition déployée.
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Bon anniversaire Docteur Frankenstein
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Rath, place Neuve, Genève (Suisse), www.ville-geneve.ch
Légende Photo :
Jerzy Ryszard, « Jurry » Zielinski, Prawo puszczy (La Loi de la jungle), 1976, huile sur toile, 97,2 x 128,9 cm, collection particulière. Courtesy Luxembourg & Dayan. © Photo : Todd-White Art Photography.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Bon anniversaire Docteur Frankenstein