Après un long effacement, Georges Dorignac renoue avec la notoriété. Depuis une dizaine d’années, plusieurs présentations avaient lancé des signaux de reconnaissance.
Réunissant quatre-vingt-dix œuvres, dont plus des trois quarts, venant de collections privées, n’ont jamais été vues, cette exposition coproduite avec le Musée de Bordeaux consacre son travail. Elle met en évidence son style, qui, une fois sorti de l’influence de Renoir, Signac et Millet, se révèle résolument personnel et indépendant d’un quelconque mouvement. Il s’exprime avant tout dans des dessins exécutés suivant un registre d’ombres ébène. Leur densité envahit l’espace des feuilles autant que le regard du spectateur. Visages clos, corps massifs, nus féminins sans concession mais non sans grâce, les volumes émergent comme des statues de bronze auréolées de nuit. Les nuances du fusain, de la sanguine et de la pierre noire donnent du relief aux modelés subtils, parfois éclairés de lavis jaune produisant des effets de patine. On pense à l’art africain. À l’opposé de cette œuvre au noir, situés avec raison dans une autre partie du musée assurant un impact visuel certain, sont accrochés les projets de cartons de tapisserie destinés à de prestigieuses institutions. Dans un foisonnement de motifs et de couleurs, mêlant spiritualité et symbolisme naïf, le décorateur Dorignac triomphe. Mais aucune commande ne lui sera passée. L’écart entre les deux manières est tel que le visiteur non averti pourra penser qu’il s’agit d’un autre artiste.
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Dorignac sculpte les ombres
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Dorignac sculpte les ombres