LISBONNE - C’est le mariage de la carpe et du lapin. D’un côté, le lapin, oreilles dressées : Central Tejo, l’ex-usine électrique de la ville datant de 1908, avec ses hautes cheminées ; de l’autre, la carpe, alanguie face à une rive du Tage, un édifice imaginé par l’architecte britannique Amanda Levete.
Le tout constitue le nouveau Museu d’Arte, Architectura e Tecnologia [Musée d’art, d’architecture et de technologie], à Lisbonne, dont la complétion aura lieu, symboliquement, entre fin mars et début avril, avec l’achèvement et l’ouverture d’une passerelle piétonne, également signée par l’agence Levete. Celle-ci reliera le nouvel équipement culturel au quartier de Belém en face, en enjambant ce qui, depuis des décennies, faisait coupure entre les deux secteurs : la ligne de chemin de fer Lisbonne-Cascais et les avenues Brasilia et Da India. À un rigide patrimoine industriel du XIXe siècle fait de métal et de brique et métamorphosé, depuis juin 2016, en salles d’exposition façon white cubes, s’adjoint donc un bâtiment neuf habillé de céramique blanche, baptisé Kunsthalle (coût des travaux : 20 millions d’euros, plus 4 millions pour la passerelle et les aménagements paysagers).
L’édifice d’Amanda Levete arbore deux visages. Côté Avenida Brasilia, au nord, il offre une paroi quasi aveugle, flanc technique du musée par lequel transitent les œuvres, le tout surplombé d’un vaste toit-terrasse en béton accessible au public. Côté fleuve, au sud, la façade, ondulante, est a contrario largement ouverte et entièrement habillée de 15 000 modules de céramique en forme de chevrons en trois dimensions. On accède à l’entrée par une rampe qui longe ladite façade ou grâce à un immense escalier. Le bâtiment, d’une surface de 7 400 m2, abrite notamment quatre salles d’exposition aux dimensions hétéroclites, dont la Galerie principale (1 000 m2 éclairés de lumière naturelle zénithale), la Galerie ovale (salle lenticulaire de 1 200 m2), une project room (500 m2) pour les installations et une video room (100 m2) destinée aux projections. Outre les bureaux, les réserves et autres locaux techniques, l’ensemble comprend aussi un restaurant, une boutique et un centre éducatif.
Après avoir visité l’intérieur, le visiteur n’oubliera pas de grimper sur le toit pour profiter d’un spectaculaire belvédère perché à 15 m de hauteur et offrant une vue panoramique sur l’estuaire du Tage. « Nous voulions raccorder le complexe [muséal] aux rives du fleuve et le transformer en un espace public, dont les gens pourraient prendre ensemble possession », explique Amanda Levete. Les abords, eux, ont été aménagés par l’agence de paysagistes libanaise Vladimir Djurovic Landscape Architecture, mais il faudra encore attendre un peu avant que le parc public ne prenne forme.
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Le Maat est roi
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Abonnez-vous dès 1 €Credo du Maat : « Explorer la culture contemporaine à travers des mariages entre les arts visuels et les nouveaux médias, l’architecture et la ville, la technologie et la science, la société et la pensée. » Hormis la Galerie ovale, inaugurée en octobre dernier, les trois autres salles d’exposition accueillent, à partir du 22 mars, leur présentation inaugurale intitulée « Utopia/Dystopia, Part II ».
À voir
Maat, Av. Brasilia, Central Tejo, Lisbonne (Portugal), www.maat.pt
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Le Maat est roi