Alors que, depuis 2011, la section d’art moderne des Musées royaux des beaux-arts de Belgique est fermée au public, une partie des belles endormies de cette collection est actuellement redéployée dans l’espace du musée.
Pour ce faire, le commissaire et directeur du lieu a choisi le filtre de la Belgique. L’exposition tente de montrer comment les artistes belges se sont confrontés à la modernité, de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Certains contesteront le choix de ce cadre identitaire qui exige d’être manié avec précaution, mais le pari était de taille. Malheureusement, l’entreprise, probablement trop vaste et trop complexe, laisse le visiteur sur sa faim. Structuré autour de dix-sept thématiques (mêlant les genres artistiques comme la nature morte, le paysage, le nu, et des courants comme le surréalisme ou CoBrA), le parcours donne une impression de saupoudrage et manque de contextualisation. Placée sous l’égide de Marcel Broodthaers, l’exposition tente de démontrer une position belge ironique et critique face à la modernité – position qualifiée d’« altermodernité ». Les artistes belges s’inscriraient ainsi dans une certaine forme de résistance aux courants dominants de la modernité que furent le fauvisme, le cubisme, l’expressionnisme, etc. Des noms comme ceux de Rik Wouters, Gustave de Smet, Constant Permeke, Jean Brusselmans… ou encore les membres du Groupe Nervia, illustrent en effet des œuvres en marge des avant-gardes historiques internationales. Chacun invente un vocabulaire qui témoigne d’une appropriation singulière de la modernité. Cela étant dit, pourquoi passer sous silence l’existence de l’axe Paris-Bruxelles, qui fut si riche ? De même, on ne comprend pas bien l’absence de Spilliaert et la si faible présence d’Ensor, pionniers de la modernité. La section tant attendue sur le surréalisme peine quant à elle à révéler toute l’originalité de ce mouvement en Belgique. Tout aussi lacunaire, la section consacrée à CoBrA, qui fait la part belle aux majestueuses peintures-mots de Dotremont, ne présente qu’une toile mineure d’Alechinsky. Et les quelques contrepoints d’artistes contemporains (qui permettent certes de découvrir de très belles œuvres comme un paysage de Luc Tuymans ou une mer de Thierry De Cordier) sont malheureusement trop rares pour pouvoir se faire une idée de l’héritage moderne qui leur revient.
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L’« altermodernité » belge
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Abonnez-vous dès 1 €Musées royaux des beaux-arts, rue de la Régence 3, Bruxelles (Belgique), www.fine-arts-museum.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : L’« altermodernité » belge