Musée

Nouvelle pièce au puzzle

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 12 décembre 2016 - 548 mots

MONTREAL - Ce n’est pas un musée, c’est une ville. Ou quasi. L’une des spécificités du Musée des beaux-arts de Montréal est d’être « éparpillé » par petits bouts, façon puzzle.

En tout, cinq bâtiments hétéroclites composent l’institution. Construit en 1912 sur la rue Sherbrooke par les frères Edward et William Sutherland Maxwell, le premier édifice, le pavillon Hornstein (collections cultures du monde) arbore une facture classique, avec une façade ornée de bas-reliefs et quatre colonnes ioniques. Le second, le pavillon Stewart (arts décoratifs et design), a été érigé en 1976 par Fred Lebensold, dans un élégant style brutaliste. En 1991, Moshe Safdie, connu pour avoir réalisé les fameux logements Habitat 67 de l’Exposition universelle de 1967, édifie, de l’autre côté de la rue Sherbrooke, la troisième pièce du puzzle : le pavillon Desmarais (art international ancien, moderne et contemporain), néanmoins relié aux deux précédents par des accès souterrains. Le quatrième bâtiment, le pavillon Bourgie (art québécois et canadien), conçu en 2011 par le cabinet Provencher Roy, s’adosse, lui, à l’ancienne église Erskine and American, transformée en salle de concert, qui contient d’étonnants vitraux signés Louis Comfort Tiffany. Le 19 novembre enfin, a ouvert au public le cinquième et, pour l’heure, ultime édifice : le pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein, soit 5 000 m2 supplémentaires, ce qui porte à 53 000 m2 la superficie globale de ce « campus muséal », dont 13 271 m2 d’espaces d’exposition. Coût des travaux de cette nouvelle aile : 25,5 millions de dollars canadiens.

Conçu par deux agences montréalaises, l’Atelier TAG (Manon Asselin et Katsuhiro Yamazaki) et le triumvirat Jodoin Lamarre Pratte, le bâtiment se glisse dans le prolongement du pavillon Desmarais, sur la même parcelle, et brandit une façade sur la rue Bishop, qui sert d’entrée pour les groupes. Il se déploie sur six niveaux, dont quatre se consacrent aux collections et les deux autres, au sous-sol, aux ateliers éducatifs et d’art-thérapie. Son principe est élémentaire : au centre, les salles d’exposition, des volumes faits de parois opaques, « stimulés » par un éclairage artificiel. En périphérie,
des galeries baignées de lumière naturelle, agrémentées d’espaces de détente et d’escaliers qui assurent la liaison avec les autres étages. Simplement rythmées par un système d’éléments verticaux en aluminium toute hauteur et un brin pare-soleil, les façades entièrement vitrées offrent des vues panoramiques sur la ville, depuis le Mont-Royal, au nord-ouest, jusqu’en direction du fleuve Saint-Laurent, au sud-est. L’intérieur, lui, est tout habillé de bois clair.

La nuit, l’édifice devient comme une boîte lumineuse, un signal. Depuis la rue Bishop, on peut alors distinguer Le Nœud Pivoine, œuvre de l’artiste français Jean-Michel Othoniel : deux cent douze perles de verre soufflé miroité comme en lévitation.

À savoir
Le pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein a été construit pour accueillir la donation majeure de maîtres anciens (77 œuvres, en particulier de l’âge d’or hollandais et flamand) consentie, en 2012, par ce couple de grands mécènes, tous deux disparus en 2016. Réparti dans les pavillons Desmarais et de la Paix, le nouvel accrochage permet un redéploiement considérable de la collection, passant ainsi de 430 à 750 œuvres, du Moyen Âge à l’art contemporain.

À voir
Musée des beaux-arts, 1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Canada), www.mbam.qc.ca. Entrée gratuite jusqu’au 15 janvier 2017.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Nouvelle pièce au puzzle

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