Voici une exposition qui arrive à point pour porter un regard renouvelé sur un des artistes français les plus influents des années 1970, Robert Filliou (1926-1987), quelque peu oublié aujourd’hui.
Fondamentalement provocateur, il a développé une création prolifique anticonformiste tous azimuts : pièces de théâtre, performances de rue, poésie d’action, happening, poèmes-objets, écrits, films et vidéos, installations, outils conceptuels, et un Centre de création permanente, La cédille qui sourit, une « non-boutique » ouverte à Villefranche-sur-Mer de 1965 à 1968. Autodidacte sur le plan artistique, Robert Filliou aimait apparaître comme un « animateur de pensée ». Très jeune, il participe à la résistance avec les Francs-Tireurs et Partisans. À 20 ans il se rend aux États-Unis, y étudie l’économie politique. De 1951 à 1954, il travaille pour les Nations unies à un « Plan quinquennal pour la reconstruction et le développement de la Corée du Sud ». Sa rencontre avec le bouddhisme zen et le choix d’une recherche créative, pacifique et spirituelle le conduisent à la poésie. Après avoir donné sa démission de fonctionnaire, il séjourne en Égypte, en Espagne, au Danemark, commence à écrire, revient en France en 1959. Cette grande rétrospective révèle la vivacité toujours actuelle d’une pensée qui affirmait « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».
Aux côtés de quelques installations de grandes tailles, beaucoup d’œuvres réalisées avec de fragiles matériaux récupérés (ficelles, bouts de bois et de carton, morceaux de verre brisés, modestes feuilles de papier crayonnées) confirment les corrosives aspirations de cet artiste proche du mouvement Fluxus, et qui aimait tant les paradoxes : « Le secret absolu de la création permanente : ne désire rien, ne décide rien, ne choisis rien, sois conscient de toi-même, reste éveillé, calmement assis et ne fait rien. » Sans bien pouvoir l’expliquer, une visite à la cathédrale d’Anvers après avoir longuement parcouru l’exposition de Robert Filliou peut laisser émerger un étrange sentiment : ces deux univers à priori si différents ne le sont peut-être pas tant que ça.
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Robert Filliou, poète protéiforme
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art contemporain d’Anvers (M HKA), Leuvenstraat 32, Anvers (Belgique), www.muhka.be
Légende Photo :
Robert Filliou, The Spiritual Need, 1971, bois, papier, ongles, marqueur, photographie, 38 x 45,5 x 14 cm, collection particulière, Anvers © Photo : FXP. Courtesy Richard Saltoun Gallery, Londres / Succession Robert Filliou
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Robert Filliou, poète protéiforme