Le Saint Jean-Baptiste de Tommasino Crivelli

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 18 novembre 2016 - 416 mots

Le panneau central d’un triptyque du XVe siècle a retrouvé ses deux volets grâce à la Galerie Sarti qui les a identifiés et offerts, à dix ans d’intervalle, au Musée du Petit-Palais d’Avignon.

Tommasino Crivelli
Lors de son entrée dans la collection Campana, L’Annonciation était attribuée à Benedetto Bonfigli (1420-1496).
Par la suite, l’œuvre fut successivement donnée à l’école vénitienne, puis à celle des Marches, avant qu’Andrea de Marchi ne propose le nom de Giovanni di Tommasino Crivelli, peintre et enlumineur actif à Pérouse entre 1434 et 1481. L’identité du peintre est apparue dans un document d’archive de 1452 relatif à une fresque de la cathédrale San Lorenzo de Pérouse à laquelle est associé un petit corpus d’œuvres également proches stylistiquement du triptyque du Petit-Palais.

Triptyque
Le Saint Jean-Baptiste qui fait son entrée au Petit-Palais était la partie manquante d’un triptyque démembré au XIXe siècle. Quand sa partie centrale représentant une annonciation est répertoriée dans la collection du marquis de Campana en 1858, elle est déjà séparée de ses deux volets. À nouveau réunis, les trois panneaux dévoilent leurs similitudes qui attestent de leur origine commune. Au-delà de leur correspondance stylistique, plusieurs arguments techniques corroborent la justesse de cette reconstitution : la hauteur identique des trois parties, la largeur des volets équivalente à celle du panneau central (sur lequel ils venaient se replier), la correspondance des moulures d’encadrement et des auréoles, la présence au dos des volets du même enduit rouge sombre animé d’un losange blanc au centre.

Don
En 2006, la Galerie Sarti (Paris) identifiait et offrait au Musée du Petit-Palais d’Avignon le volet gauche d’un triptyque avant d’acheter le droit, vendu aux enchères comme anonyme chez Pandolfini, à Florence, le 21 avril dernier. Giovanni Sarti, fondateur de la galerie éponyme, s’est fait un devoir de compléter son premier don. Un geste qui mérite d’être doublement salué.

Iconographie
Le thème de l’Annonciation connaît une grande ferveur à Pérouse dans le second tiers du Quattrocento. La présence des saints sur les volets a pu être dictée par la dévotion personnelle du commanditaire. Celle-ci serait à l’origine de l’association originale entre saint Jean-Baptiste, qui avait annoncé la venue du Messie, et saint François (volet gauche), souvent considéré comme un second Christ (Franciscus alter Christus).

Campana
À la création du Musée du Petit-Palais d’Avignon en 1976, le Louvre confia à la jeune institution la garde des primitifs italiens réunis par le marquis de Campana. Dans la collection, achetée par Napoléon III en 1861, figurait notre Annonciation qui a retrouvé, depuis, son intégrité.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Le Saint Jean-Baptiste de Tommasino Crivelli

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