En 1910, la France est traversée par une nouvelle révolution. Celle-ci ne fait cette fois pas couler de sang, mais vaciller les canons... esthétiques. Ses héros ont pour nom Derain, Matisse, Picasso, Braque, Delaunay, etc., et leurs soulèvements fauvisme, cubisme ou orphisme.
Au même moment, une autre révolution, autrement plus violente, se joue sur le continent sud-américain. Le 20 novembre, l’appel à l’insurrection est en effet lancé contre la réélection de Porfirio Díaz, qui dirige le pays depuis 1876. Le Mexique, en tout cas celui des classes privilégiées, est alors entièrement tourné vers l’étranger, notamment l’Europe, qui investit dans l’industrie, les chemins de fer, les cultures… Les académies des beaux-arts sont, elles aussi, tournées vers le Vieux Continent. Au Mexique, Sánchez de la Barquera peint comme Tissot sous le Second Empire, ses portraits de la bourgeoisie n’ayant de mexicain que le nom des portraiturés (Portrait de la famille Ascandón Arango, 1867). À la fin du XIXe siècle, les peintres sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à venir perfectionner, grâce à des bourses, leur technique en Europe, en Espagne et en France. C’est le cas, par exemple, d’Ángel Zárraga, de Roberto Montenegro et de Diego Rivera, prodige de la peinture. Au contact de l’Europe, ces artistes s’imprègnent des ruptures esthétiques, notamment le symbolisme et le cubisme. En 1910, Rivera expose aux côtés de Matisse, Bonnard, Metzinger et Signac. S’il s’est fâché avec Picasso (qu’il accuse de l’imiter), Rivera en a parfaitement assimilé les leçons, comme en témoigne son Paysage zapatiste en 1915. À cette date, Rivera séjourne encore à Paris – il retournera définitvement au Mexique en 1921 –, mais déjà le fusil remplace la mandoline cubiste. La suite ne sera qu’une lente déconstruction, pour lui et les autres (Siqueiros, Orozco, Mérida, etc.), des ruptures esthétiques pour mettre leur art au service d’une cause, la vraie « révolution », et la naissance d’un art de lutte des classes proprement mexicain. L’exposition « Mexique 1900-1950 » retrace brillamment cette épopée d’un demi-siècle qui voit s’émanciper l’école mexicaine, incarnée par le muralisme et quelques grands noms du XXe siècle, dont Kahlo, Modotti, Álvarez Bravo, Tamayo. L’exposition fait le choix d’un découpage à la fois chronologique et thématique (les femmes, les liens avec les États-Unis…) didactique pour un public français, sans omettre d’aborder la mise en place de l’image d’Épinal du Mexicain sur son cheval, sombrero sur la tête et cartouches en bandoulière, qui prévaut aujourd’hui encore.
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Il était une fois la révolution
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Il était une fois la révolution