La figure humaine est au centre du travail d’Ossip Zadkine (1890-1967). Connu pour ses sculptures expressionnistes qui fusionnent émotions et formes abstraites, les quelque soixante dessins et gravures exposés au Musée Zadkine font écho aux agonies de la Première Guerre mondiale.
Visages dépossédés, corps dénaturés… L’interprétation de ses images, rarissimes, guide le visiteur de l’exposition dans l’abysse d’un monde mutilé. 24 janvier 1916, le jeune Russe qui vivait alors à Paris s’engage volontairement et sert dans une section de brancardiers-infirmiers. Victime d’une attaque aux gaz à Reims, il est hospitalisé en décembre. Santé chavirée et moral en berne, Zadkine restitue sur papier la réalité hospitalière et les ravages de la guerre qui vont le marquer à vie. Vidée de leur personnalité, la représentation des blessés est sérielle, monotone ; elle reflète l’état de conscience de l’artiste lassé de la boucherie dont il est témoin. En connivence avec le tracé de Zadkine, Owls At Noon Prelude : The Hollow Men, du cinéaste français Chris Marker (1921-2012), tourne en boucle dans l’exposition – un montage photo-cinématographique inspiré du poème Les Hommes creux de l’écrivain américain Thomas Stearns Eliot (1888-1965), qui décrit également l’ambiance morbide de cette guerre. Une succession de photographies douloureuses de la Première Guerre mondiale et de fragments du poème en parfaite résonance avec les âmes creuses dessinées par Zadkine.
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Dessin d’âmes creuses
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Zadkine, 100 bis, rue d’Assas, Paris-6e, www.zadkine.paris.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Dessin d’âmes creuses