Compulsion aiguë

L’ensemble forme le cœur de son projet et de l’exposition thématique concoctée par le New Museum new-yorkais à partir de ce phénoménal opus. Si Hendeles a constitué cette collection à partir d’albums de famille photographiques glanés sur eBay, et d’oursons d’époque afin de donner à réfléchir sur la perte d’innocence autant que sur la fonction consolatrice des images et des souvenirs, Massimiliano Gioni, le collectionneur en chef, a multiplié les approches. Toutes ne sont pas compulsives (et presque pathologiques), elles ont parfois une raison protectrice. Ces collections peuvent agir comme des « sanctuaires visuels ». À d’autres occasions, les collections sont le fruit d’une peur, comme celle de l’artiste suédoise médiumnique venue à l’abstraction en 1905, Hilma af Klint. À l’époque, devant l’incompréhension suscitée par ses œuvres, elle laisse comme instruction testamentaire de ne pas montrer son travail pendant plusieurs décennies après sa mort. On découvrira cet extraordinaire ensemble seulement dans les années 1980. Son œuvre entier a ainsi été préservé, un cas rarissime dont certains spécimens ont fait le voyage à New York. « The Keeper », titre de l’exposition, incarne ces multiples facettes ; un peu gardien autant que conservateur, le collectionneur est aussi un conteur d’histoires fascinantes.