La crème de la crème

Réunissant environ 230 pages de bandes dessinées (exemplaires imprimés, rares dessins originaux) de 1905 aux années 1940, le circuit présente six dessinateurs virtuoses (Winsor McCay, Lyonel Feininger, Charles Forbell, Cliff Sterrett, George Herriman et Frank King), la plupart américains, qui ont grandement participé à l’essor du médium, transformant rapidement les « histoires illustrées » en un art à part entière : la bande dessinée. Des planches surréalistes vertigineuses du chef-d’œuvre de McCay paru dans le New York Herald Tribune (Little Nemo in Slumberland) au dadaïste Krazy Kat de George Herriman via le trait compulsif de Cliff Sterrett et les rêveries mélancoliques de Feininger dans le Chicago Tribune, on ne cesse ici d’être émerveillé par toutes les possibilités créatrices du 9e art.

En outre, à côté de cette grande liberté formelle déployée par ces dessinateurs d’exception, ce que cette exposition met très bien en perspective, grâce à des documents d’archives, c’est le contexte culturel et le bouillonnement artistique de l’époque : si ces auteurs d’exception ont été aussi prolifiques, c’est notamment parce qu’ils ont bénéficié de la puissance de frappe des empires de presse en Amérique. Par ailleurs, ces as du dessin, des plus inventifs, ont non seulement mis en place en quelques décennies le langage BD qui sert encore aujourd’hui mais, avec leurs récits en images fascinés par la représentation du mouvement, on découvre qu’ils ont aussi directement inspiré les cinéastes du burlesque et du dessin animé, tels Charlie Chaplin, Harold Lloyd et Walt Disney.