Genève (Suisse)

Dans la forêt amazonienne

Musée d’ethnographie Jusqu’au 8 janvier 2017

Par Camille Lechable · L'ŒIL

Le 18 août 2016 - 309 mots

Les Indiens ont-ils une âme ? Telle était la question au cœur de la controverse de Valladolid, ouverte le 15 août 1550. Ce débat est – fort heureusement – aujourd’hui dépassé, et l’exposition «Â Amazonie » témoigne de l’histoire de ces peuples, de leur culture et de leurs mythes, loin des a priori qui peuvent subsister.

Annoncée comme un parcours en quatre parties, la découverte de l’exposition est plutôt libre à compter du moment où l’on montre patte blanche aux chefs indiens qui gardent l’entrée tels que Raoni Metuktire ou Davi Kopenawa. La scénographie immersive plonge le visiteur dans la forêt amazonienne par des contes sonores, des installations contemporaines et un soleil artificiel qui anime la canopée et les trésors qu’elle protège : plumes, coiffes, bijoux, tous datés de la fin du XIXe et du XXe siècle, illustrant la qualité exceptionnelle de l’art ornemental indien. Les pièces d’art figuratif sont plus rares, mais celles exposées, comme un plafonnier daté de 1960 et illustré de jaguars (l’alter ego du chamane), sont uniques. Les objets rituels sont nombreux dans ce « monde enchanté » guidé par l’animisme où les chamanes abusent des psychotropes pour entrer en phase avec la forêt et les animaux, comme le montrent les femmes en transe photographiées par la journaliste Claudia Andujar. Le commissaire Boris Wastiau assure que toutes les pipes exposées ont été récemment testées… Cependant, « ce monde d’animisme et d’êtres égaux n’est pas un monde de Bisounours », affirme-t-il devant les sarbacanes et les fléchettes toxiques au curare. Une phrase qui fait écho au combat actuel des Indiens pour préserver leur diversité culturelle et la forêt amazonienne, écosystème nécessaire à toute la planète. Leurs convictions et leurs actions sont rappelées à l’orée du bois, où des clichés mettent en scène des enfants au corps entièrement peint devant le dernier film Pixar, comme un symbole de la parfaite adéquation entre tradition ancestrale et monde contemporain.

Amazonie. Le chamane et la pensée de la forêt

Musée d’ethnographie, Boulevard Carl-Vogt 65-67, Genève (Suisse). www.ville-ge.ch

Légende Photo :
Collier cérémoniel féminin tukaniwar ou tukadjura, Brésil, Etat du Maranhao, Rio Gurupi, Village de Javaruhu, Ka'apor, milieu du XXe siècle, plumes dépouille partielle de passereau, tissu, coton, 46 x 20 cm, Musée d'Ethnographie de Genève. © Photo : MEG/J.Watts.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Dans la forêt amazonienne

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