Une sculpture et quarante-six toiles de Max Ernst, vingt et une peinture d’Yves Tanguy : ce regard croisé et inédit sur deux figures essentielles du surréalisme ne manque pas d’attrait.
Plus des trois quarts des œuvres présentées proviennent de collections privées et la plupart n’avaient pas été montrées en France depuis plus de cinquante ans. Liés par l’amitié et par une présence active au sein du mouvement surréaliste, les deux artistes apparaissent ici radicalement dissemblables. Les deux premières salles peuvent donner le sentiment que les imaginaires de Tanguy (1900-1955) et de Ernst (1891-1976) ne sont pas si éloignés que cela. Mais plus l’on pénètre dans l’exposition, plus l’univers de Ernst apparaît d’une vive et incroyable diversité alors que les peintures de Tanguy, la plupart de beaucoup plus petits formats que celles de Ernst, se dévoilent comme de très fragiles et sensibles évocations d’un monde conforme aux mêmes invariants. Des formes molles soigneusement et laborieusement peintes émergent dans des espaces baignant dans la même luminosité troublante. À mille lieues des peintures de Max Ernst : un festival de ses formes, de ses couleurs et de ses compositions d’une incroyable diversité envahit le musée. Ici, une déflagration de lumières jaunes surgit de verts et de bleus entrecoupés d’éclats rouges (Une autre belle matinée, 1957) là, une improbable forme animale émerge derrière un premier plan chaudement coloré sur un fond noir d’encre (Enseigne pour une école de monstres, 1968). Il est cependant hautement regrettable que les murs des salles d’exposition aient été recouverts d’une profusion de couleurs chaudes allant de terres de Sienne les plus tendres aux orangés les plus denses. Comment l’œil pourrait-il être sensible aux fines variations des bruns et des ocres de Personnages dont un sans tête de Max Ernst (1928), quand l’œuvre est présentée sur un mur d’un orangé soutenu qui s’impose immanquablement à toute la rétine ! Il en va hélas de même pour beaucoup d’autres peintures dont la perception se trouve fortement modifiée par ce malheureux parti pris.
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Ernst et Tanguy aux antipodes
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Paul Valéry, 148, rue François-Desnoyer, Sète (34),
www.museepaulvalery-sete.fr
Légende Photo :
Max Ernst, Une autre belle matinée,, 1957, huile sur toile, 116,5 x 89,5 cm, collection particulière. © Photo: Raphaël Barithel.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Ernst et Tanguy aux antipodes