La légende de Balzac

Les gravures, lithographies, sculptures et peintures représentant Balzac sont réparties dans sa maison à Passy, ancienne commune parisienne où il aimait écrire loin du tumulte de la capitale. Le cabinet de travail, meublé d’une table en bois servant de bureau et d’un crucifix de Bouchardon, montre la vérité sévère de cet écrivain nocturne. L’austérité et la rigueur de l’univers de Balzac contrastent avec les œuvres exposées, comme les planches de l’illustrateur Grandville situées dans la pièce attenante. Ces gravures expriment l’effervescence de la société du XIXe siècle et identifient les célébrités du monde de l’art qui ont côtoyé et inspiré l’auteur. Les figures historiques rassemblées dans les « panthéons » représentent les romanciers et intellectuels dans la course à la postérité. Si Balzac est reconnaissable par son embonpoint et sa canne aux turquoises dans les caricatures, il acquiert après sa mort une image plus sérieuse dans Le Panthéon Nadar en 1854. À travers le médium de la sculpture, les caractéristiques de ce visionnaire débordant d’inspiration et de puissance créatrice sont reprises par Rodin dans son buste de 1898. Le parcours qui s’achève sur les artistes de la fin du XXe et du XXIe siècle, comme Eduardo Arroyo, montre que cette image de Balzac s’est figée dans l’imaginaire des artistes, tel un mythe. Si la scénographie très présente dans les premières pièces s’essouffle un peu au fil du parcours, l’exposition reste riche de ses nombreuses lithographies qui reflètent l’atmosphère de la société décrite par ce romancier, dont les représentations sont aussi multiples que ses lecteurs.