Deux pleurants du tombeau de Jean de France entrent au Louvre. Belle revanche pour le musée parisien qui avait dû renoncer à les acquérir en 2012 alors qu’ils étaient classés trésors nationaux.
Pleurants
À la Révolution, le tombeau fut saccagé et les quarante pleurants dispersés.
Grâce à une description datant de 1756, on sait toutefois que chacun d’eux occupait une niche individuelle ménagée dans le soubassement, selon une disposition générale proche de celle choisie par Claus Sluter pour le tombeau de Philippe le Hardi. La présence d’un cortège funéraire s’explique par la volonté du défunt d’être accompagné dans la mort par un échantillon représentatif de ses sujets (membres du clergé séculier et régulier, ainsi que des laïcs) qui pleureront et prieront éternellement pour son salut.
Jean de Cambrai
Il est mentionné pour la première fois en 1375 sous le nom de Jean de Roupy comme « tailleur de pierre franque » pour le campanile de la cathédrale de Cambrai. Attaché au service du duc de Berry au moins depuis 1386, il connut une intense activité dans la région dont peu
de témoignages subsistent. De sa main, l’église de Marcoussis dans l’Essonne possède une jolie Vierge à l’Enfant.
Vers 1396-1416
À la mort de Jean de France en 1496, Jean de Cambrai s’est arrêté de travailler au tombeau du duc, faute de paiement. À cette date, il avait achevé le gisant et le visage du priant ainsi que cinq des pleurants en marbre connus dont les deux commentés ici.
Les trente-cinq autres, réalisés en albâtre, ont été sculptés un demi-siècle plus tard par deux autres sculpteurs à la demande de Charles VII désireux d’achever le tombeau de son grand-oncle.
Sainte-Chapelle
Dans une bulle du pape Clément VII, à Avignon, du 17 août 1392, Jean de Berry obtient le droit de fonder à Bourges une « chapelle solennelle à l’instar de la chapelle royale de Paris ». La fondation d’une Sainte-Chapelle à Bourges, sur le modèle de celle de Paris, servit à légitimer le pouvoir du duc en inscrivant sa lignée dans celle de saint Louis.
Le monument, ravagé par un incendie en 1693, fut rasé en 1756 et le tombeau du duc de Berry transporté dans la crypte de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges où l’on peut toujours admirer sur place son gisant de marbre sorti indemne de la Révolution.
5 025 500 €
Vedettes de la vente Christie’s à Paris du 15 juin dernier, les deux pleurants provenant du cortège funéraire du tombeau de Jean de France (1340-1416) étaient préemptés par le Louvre à un peu plus de 5 millions d’euros, frais de vente inclus. Une affaire si l’on pense aux 13 millions demandés, en 2012, par l’ancien propriétaire. Une somme trop élevée que le Louvre n’avait (heureusement) pu réunir pendant les deux ans et demi où ils étaient interdits de sortie du territoire au titre de leur classement.
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Les Pleurants de Jean de Cambrai
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Les Pleurants de Jean de Cambrai