La pergola du palace

L’artiste de renommée internationale, qui confie ne pas être un habitué des lieux, a pris connaissance du patio où dès les premiers rayons de soleil sont disposés des chaises et des parasols. « Plutôt qu’une œuvre à regarder de loin », il a imaginé que son installation, une pergola couverte reliant deux espaces cylindriques symétriques, pourrait accueillir une table à chacune de ses extrémités. Intitulée Pause colorée, cette architecture temporaire, énième déclinaison des « cabanes éclatées », prend toute sa dimension lorsque ses aplats de teintes vives sont traversés et réfléchis par la lumière – l’œuvre comporte cinq couleurs, implantées par ordre alphabétique selon la méthodologie habituelle de l’artiste. Les fins gourmets désireux de s’y attabler pour un menu dégustation doivent effectuer une réservation spécifique auprès du restaurant trois étoiles Épicure. Cette expérience suppose de s’acquitter d’un prix forfaitaire (2 000 euros vin compris pour quatre couverts) et de bénéficier d’une météo clémente.

À la rentrée, au moment où cette pièce unique sera démontée et, à moins qu’un acquéreur se montre intéressé, vraisemblablement détruite, il suffira en revanche d’un ticket de métro pour découvrir, de l’autre côté de la Manche, la fresque monumentale de Daniel Buren à la station Tottenham Court Road, entièrement réaménagée après des années de travaux. Pour cet espace public – le premier qu’il signe en Grande-Bretagne –, Daniel Buren a imaginé une alternance de cercles et de losanges de plus de deux mètres de haut constitués de ses fameuses bandes verticales.Anne-Cécile Sanchez