L’illusion au rang d’art

Son commissaire, Andréa Zanella, s’est concentré sur le trompe-l’œil de chevalet, plus en adéquation avec l’esprit de la maison car d’une signification esthétique plus vaste et plus profonde que son alter ego mural et monumental. Le parcours nous fait pénétrer dans cet univers singulier de l’illusion à travers la sélection d’une trentaine d’œuvres tout aussi spectaculaires par leur bizarrerie, leur humour ou leur poésie. La maîtrise de la perspective et de l’expression de l’espace a amené les artistes à des tours de force illusionnistes, comme le montrent les œuvres de Valette-Falgore ou de Luigi Sabatelli sur des thèmes récurrents d’objets accrochés pêle-mêle sur des panneaux de bois par l’intermédiaire de rubans de cordelette, eux-mêmes maintenus par des clous qui font oublier la nature bidimensionnelle de la surface peinte. Deux autres spécialistes du genre actifs au XVIIIe, Gaspard Gabriel Gresly et François Xavier Vispré, présentent quant à eux des gravures reproduites avec une précision stupéfiante et dont le verre de protection serait brisé : un jeu dans le jeu bluffant. L’œuvre la plus époustouflante reste tout de même cette peinture sous verre réalisée par un artiste du XIXe représentant quinze magnifiques papillons multicolores rangés dans une boîte d’entomologiste sur laquelle le spectateur « se casse le nez ! » La dernière salle est consacrée à un outil résolument contemporain, la vidéo, utilisée sous forme d’images numériques projetées sur les murs qui s’animent comme par magie. Voilà une exposition qui ne trompe pas sur sa qualité !