L’écrivain, nouvelle coqueluche du milieu de l’art contemporain ? Son actualité, notamment au Palais de Tokyo, le laisse en tout cas penser…
Invité de Manifesta à Zurich, l’enfant controversé de la littérature française est aussi à l’affiche du Palais de Tokyo à Paris, au moment où il intègre la galerie Air de Paris. Et, neuf ans après sa participation à la Biennale d’art contemporain de Lyon, en 2007, et un an et demi après son exposition de photographies au Pavillon Carré de Baudoin à Paris, l’écrivain revient sur sa vision du monde avec à nouveau une part autobiographique perceptible. À Paris, l’hommage rendu à son chien Clément conçu avec son ex-épouse Marie-Pierre fait l’objet d’une des douze salles de son récit. Un récit conçu d’ailleurs davantage comme une narration constituée de textes brefs à l’image de Rester vivant, son livre d’une trentaine de pages publié en 1991 et qui donne son titre à l’exposition. « La première démarche poétique consiste à remonter à l’origine. À savoir : à la souffrance », écrit-il au début de son essai, sorte de manuel de survie pour traverser la vie où transparaît sa conception de l’existence, de la poésie et de la littérature. Dans les 1 500 m2 du Palais de Tokyo, c’est une vision kaléidoscopique de son univers mental et physique qu’il offre via essentiellement la photographie, plus globalement l’image parfois hybridée d’une phrase extraite d’un poème ou d’un texte.
Un producteur d’images
Michel Houellebecq a toujours pris des photographies lorsqu’il écrit. Il le rappelle dans la revue du Palais de Tokyo : « Les arts plastiques n’ont pas joué un rôle aussi précoce dans ma vie que la littérature ou la musique. Faire de la photo par contre, oui, c’est important pour moi depuis longtemps, mais, à l’époque, je ne les reliais pas vraiment à l’art. C’est plutôt une manière de trouver de l’intérêt au monde. » L’écrivain dit d’ailleurs « se considérer plutôt comme un producteur d’images que comme un photographe, un photographe tente de capturer le réel alors que moi, j’y recherche mes obsessions ou mes rêveries ». Les lecteurs de Houellebecq les retrouveront dans l’exposition, les autres apprécieront ou non l’univers sombre et acide, proche du désarroi qui lui est propre, entre fiction et réalité. En invitant Robert Combas ou le plasticien Renaud Marchand, l’auteur convoque « des artistes aux mythologies qui sont les siennes ». Renaud Marchand s’est inspiré des personnages de La Possibilité d’une île, Iggy Pop y a puisé les textes de son album Préliminaires et Robert Combas a illustré certains de ses poèmes. L’invitation passée à Maurice Renoma pour concevoir une scénographie ouvre de son côté aux images vaguement érotiques faites de l’écrivain par le couturier.
En revanche, contrairement à La Carte et le Territoire, prix Goncourt 2010, aucune attaque en règle de la sphère artistique n’est visible au Palais de Tokyo. Dommage, elle aurait donné tout son sel à l’exercice, et sorti (un peu) l’exposition de la célébration du personnage.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Michel Houellebecq, son état du monde
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €« Michel Houellebecq, Rester vivant », du 23 juin au 11 septembre 2016. Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson, Paris-16e. Ouvert tous les jours de 12h à minuit, fermé le mardi. Tarifs : 10 et 8€. Commissaire : Jean de Loisy. www.palaisdetokyo.com
« Manifesta 11 », jusqu’au 18 septembre 2016. Biennale européenne d’art contemporain, Zurich, Suisse. www.m11.manifesta.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Michel Houellebecq, son état du monde