Mircea Cantor - Portrait

La décision en 2008 de quitter celui octroyé par la Ville de Paris, bien avant qu’il ne reçoive le Prix Marcel Duchamp, n’a d’ailleurs pas été anodine. « Je ne voulais pas rentrer dans une routine que peut imposer l’atelier », dit-il. Les séries inédites de dessins que l’on découvre à Senlis et dans l’ouvrage édité par la Fondation Francès, en partenariat avec la Dvir Gallery (sa galerie à Tel Aviv), donnent la mesure de la place qu’ont pris dans son travail le dessin et son carnet, réceptacle d’études, de notes et d’idées d’expositions, d’installations depuis l’âge de 16 ans. Le carnet est l’atelier originel, toujours à portée de main, le seul espace où se pose cet artiste qui ne se pose jamais, pas plus en France qu’en Roumanie, son pays d’origine où une de ses dernières pièces, une immense tapisserie présentée à Art Basel 2016, a été réalisée par des tisseuses. La présentation dans sa galerie parisienne VNH de l’artiste roumain Cornel Brudascu marque un autre de ses actes coutumiers : celui de soutenir celles ou ceux qui ont quelque chose à dire. La notion de trace est essentielle chez lui, une notion liée à la grotte de Lascaux. Les anges, les avions et les animaux que l’on découvre aujourd’hui sont les motifs récurrents d’une œuvre polymorphe, invariablement soucieuse du nombre d’or et porteuse d’une tension entre la violence, les tourments de ce monde et la paix, le beau qu’il porte tout autant en lui.