Adèle d’Affry (1836-1879) est un personnage incroyablement romanesque. Issue d’une grande lignée suisse, elle devient par mariage la duchesse Colonna.
Veuve à vingt ans, elle sera courtisée par Mérimée, Thiers, sans oublier Jean-Baptiste Carpeaux qui rêve de l’épouser. Femme impétueuse, Adèle fait des choix de vie audacieux. Elle demeure célibataire et se travestit pour assister incognito à des cours d’anatomie. Surtout, elle expose au Salon sous un pseudonyme masculin, Marcello, qui sonne comme un nom de guerre. La sculptrice doit en effet batailler pour se faire une place parmi les salonnards. Afin d’être jugée équitablement, non en fonction de ses titres ou de son sexe, elle opte pour un nom d’emprunt et ses œuvres sont d’emblée remarquées. Ses héroïnes, Bianca Capello, la Gorgone, la Pythie, sont en effet des femmes fortes à l’allure guerrière et androgyne qui dénotent dans une époque qui ne fantasme que de femmes langoureuses et fatales. Son œuvre singulière quoiqu’inégale et les coulisses de sa carrière passionnante ne sont hélas qu’à peine effleurées dans l’exposition que lui consacre le Musée des Suisses dans le monde. Celle-ci rassemble trop peu d’œuvres et ne les met pas suffisamment en perspective. Trente-cinq ans après sa première monographie, quatre musées lui rendent hommage, chacun abordant un aspect de son travail. Cette formule éclatée, et frustrante si l’on ne suit qu’une étape, n’était clairement pas la plus adaptée pour révéler pleinement cette créatrice talentueuse et atypique.
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Marcello : la vraie vie d’Adèle
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des Suisses dans le monde, chemin de l’Impératrice 18, Pregny-Chambésy, Genève (Suisse), www.penthes.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Marcello : la vraie vie d’Adèle