Les marques de l’exode

Il avait achevé alors ses deux séries : La Jungle, traces du passage dans les terrains boisés autour de Calais, et Les Migrants, portraits de réfugiés afghans dormant dans un square parisien, corps et visage recouverts par un drap ou un sac de couchage. On les retrouve aujourd’hui dans les espaces du musée parmi d’autres récits, de La Barque de l’exode chargée de ballots Barthélémy Toguo aux images de Bertrand Gaudillère sur la lutte victorieuse à Lyon d’un collectif de parents d’élèves et d’enseignants de soutien à Guilherme, Angolais sans papiers, père de deux enfants, menacé d’expulsion. La justesse et la qualité des œuvres sélectionnées, leur articulation aussi entre elles, résonnent tout particulièrement dans les espaces du musée, anciens locaux de la Gestapo transformés en Centre d’histoire de la Résistance et de la déportation. Car il s’agit bien ici autant de regard d’artistes, d’engagements individuels à documenter, que de l’implication de la société civile dans le soutien à ces réfugiés fuyant la guerre et la terreur. Suivre la cartographie de traversées brodées sur des nappes blanches, dessinées ou modelée en terre cuite, renvoie ainsi à des périples individuels, familiaux ou collectifs reconstruits et représentés par ceux qui arrivaient à Grenoble et qui ont trouvé en la géographe Sarah Mekdjian et dans l’association d’artistes Ex.C.es le moyen d’exprimer les épreuves vécues, mais également les rencontres ou les soins médicaux salvateurs.