La petite foire belge d’art contemporain a su profiter de la montée en puissance de sa ville d’accueil, Bruxelles, pour s’offrir cette année, du 22 au 24 avril, un écrin de choix : Tour & Taxis, le site qui accueille déjà la prestigieuse Brafa.
Le site industriel et patrimonial de Tour & Taxis, un espace beaucoup plus chic que celui du parc des expositions où Art Brussels était implantée jusque-là ? Une consécration ? « Bruxelles devient depuis quelques années The place to be [autrement dit : là où il faut être]. Alors il est normal qu’Art Brussels ait choisi cet endroit où les visiteurs vont pouvoir venir et revenir plus facilement. En outre, la tenue en parallèle cette année d’un événement américain qui s’annonce d’importance, Independant, va créer une émulation », remarque le galeriste Michel Rein, qui vient avec des œuvres de 3 000 à 80 000 euros et apprécie de les présenter à des collectionneurs curieux et motivés. L’art advisor français Frédéric Morel est aussi un fan d’Art Brussels où il se rend régulièrement en repérage pour ses clients. « J’en pense beaucoup de bien. C’est une foire bien installée maintenant, qui progresse chaque année en qualité. »
Une sélection restreinte
« La foire, qui en est à sa 34e édition, a opté tout naturellement pour ce déménagement vers un lieu plus proche du centre nerveux de la capitale : durant Art Brussels, les institutions culturelles, musées, centres d’art, galeries, se mobilisent pour présenter des expositions et des événements de qualité aux amateurs belges et étrangers que nous attirons », souligne Anne Vierstraete, directrice générale de la manifestation. D’autant plus qu’« Art Brussels est partenaire de nombre de ces initiatives et incite ses visiteurs à découvrir celles-ci dans le cadre de son programme off », ajoute-t-elle.
Last but not least, « Tour & Taxis offre une architecture qui dialogue avec pertinence avec l’image d’Art Brussels. Et le fait de réduire la taille de la foire en passant de 191 à 140 exposants permet d’aiguiser sa qualité en imposant des critères de sélection bien définis », conclut Anne Vierstraete. Exit ce que certains considéraient comme de « petits chalets de Noël alignés », faisant référence aux stands étroits des jeunes galeries. D’autres comme Nathalie Obadia, une galeriste habituée de la foire, regrettent du coup la disparition des galeries très émergentes, même si elle se dit globalement satisfaite de ce déménagement. « C’est beaucoup moins excentré, le bâtiment est magnifique ; cela va rehausser l’image d’Art Brussels, qui va se focaliser davantage sur l’art contemporain classique et les valeurs sûres. Cela correspond bien à l’esprit du moment, nous sommes dans une période de transition », confie-t-elle.
Sur les 140 exposants venus de 28 pays, 81 % sont étrangers et 31 sont de nouveaux venus. Ils sont répartis dans quatre sections. La nouvelle, « Rediscovery » (15 galeries), sera centrée sur l’art de 1917 à 1987. La section « Prime » réunira 98 enseignes dont la célèbre Pace de Londres, mais aussi la Galleria Continua, Almine Rech, Axel Vervoordt ou Nathalie Obadia. « Discovery » accueillera 30 galeries axées sur des artistes émergents, et « Solo » fera le choix de 24 stands monographiques. Ainsi, le Français Jérôme Poggi a choisi de présenter Georges Tony Stoll. « Je pense qu’il faut être radical. J’ai opté pour un stand très “curaté”, un projet très approfondi. La foire est devenue très sélective, d’autant que Bruxelles est surinvestie, que ce soit par les galeries françaises et américaines ou par les maisons de ventes et que les Belges ont l’image – à juste titre – de collectionneurs », explique-t-il. Daniel Templon, qui possède des galeries à Paris et Bruxelles, a lui aussi opté pour un solo show, mettant à l’honneur Iván Navarro.
Une carte à jouer
Quand d’autres manifestations européennes souffrent, Art Brussels ne connaît pas la crise. « Cette foire, j’y participe depuis 2007, alors j’ai vraiment du recul. Elle fait partie du deuxième cercle des foires, après Art Basel, Fiac, Frieze, mais elle est importante pour nous et plus encore depuis 2013, année de l’ouverture de notre seconde galerie à Bruxelles », ajoute Michel Rein, installé par ailleurs dans le Marais à Paris. « C’est parce que nous avons toujours bien vendu à Art Brussels que nous avons d’ailleurs décidé de nous implanter dans la capitale belge. Cette foire est facile pour nous, efficace, car elle est franco-belge : on y connaît tout le monde ! », relève le marchand parisien.
À côté de foires très globales, il y a place pour des événements centrés sur des marchés plus régionaux, plus intimistes, confirme Nathalie Obadia. « À Art Brussels, on peut passer plus de temps avec nos acheteurs et nos artistes, c’est une foire qui vit à un autre rythme. » À l’heure où le marché de l’art mondial semble freiner ses excès et ses emballements, marquer la pause pour s’engager dans davantage de réflexion et de raison, s’orienter vers des talents moins spéculatifs et plus confirmés, Art Brussels a décidément une carte à jouer.
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Art Brussels monte en gamme dans son nouvel écrin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Art Brussels monte en gamme dans son nouvel écrin