Traits portraits

Entre les XVIe et XVIIIe siècles, le portrait, d’abord limité à une clientèle aristocratique, s’est émancipé en même temps qu’il accomplissait sa mue stylistique. L’exposition de l’École des beaux-arts de Paris a pour objectif de rendre compte de cette évolution en réunissant trente-cinq portraits dessinés de ses collections. Parmi les plus anciens, situés au tournant du XVIIe siècle, citons le portrait d’homme par Daniel Dumonstier. Si sa mise en page dépouillée et sa technique aux trois crayons tiennent de l’héritage français des Clouet, en revanche, la fixité et l’acuité du regard innovent. Un coup d’œil sur le portrait de Goltzius représentant un orfèvre montre qu’en Hollande se profile un chemin parallèle vers toujours plus de réalisme. Il en va de même en Italie, comme le montrent les dessins romains à la pierre noire d’Ottavio Leoni ou de Simon Vouet qui affichent une spontanéité inédite.

Certains portraits ne sont préparatoires à aucun tableau, d’autres le sont pour des estampes. Ceux-là sont de la trempe du somptueux portrait du peintre anversois Gérard Seghers (1591-1651) réalisé par Van Dyck, après 1627. Des dessins de Mellan, Champaigne ou Velàzquez complètent ce panorama graphique du portrait au XVIIe siècle relayé, au XVIIIe, par des feuilles, non moins exceptionnelles, de Rigaud, d’Oudry ou du méconnu Alexandre Simon Belle. Bertrand Dumas