Le sachant associé aux recherches du roboticien Hiroshi Ishiguro sur le premier Geminoid, on s’attendait à ce que la rétrospective de Zaven Paré au Centre des arts (CDA) à Enghien rassemble des machines complexes et rutilantes, toutes de sophistication technologique – fussent-elles névrotiques comme celles que Bill Vorn présentait en 2014 dans les mêmes salles d’exposition.
On y découvre au contraire des mécanismes à la simplicité artisanale, des objets anthropomorphes et zoomorphes bricolés à partir de bois, de tuyaux de plomberie ou de vieux Meccano. D’apparence surannée, presque vieillotte, ces robots évoquent bien davantage les automates et marionnettes d’antan que les humanoïdes de demain, et semblent plus tenir de la créature de Frankenstein et du canard de Vaucanson, voire de l’objet surréaliste, que de la « vallée de l’étrange ».
La fragilité et le caractère « laborieux », selon les termes de l’artiste, des machines regroupées dans « Mécatronic » ouvrent pourtant un champ prometteur aux roboticiens – raison pour laquelle Zaven Paré se définit autant comme « chercheur le samedi et le dimanche » que comme artiste. L’originalité de son œuvre tient en effet à ce qu’elle se fonde sur la recherche d’effets dramaturgiques de nature à créer chez le spectateur une identification à la machine. Féru de théâtre (il a notamment travaillé avec Valère Novarina), l’artiste s’intéresse moins à l’imitation qu’à la représentation. « L’intelligence, insiste-t-il, se passe très peu dans les machines, mais chez le spectateur. » D’où le soin porté dans « Mécatronic » aux « presque rien » propres à susciter l’empathie : le frémissement d’une aiguille à tricoter ou d’un ballon sous un ventilateur, le mouvement d’une trompe d’éléphant, le masque sur lequel se rétroprojette un visage humain... Chez Zaven Paré, ce sont ces menus détails qui créent les « effets de présence », si nécessaires à la simulation de l’intelligence et de la personnalité. Ils sont in fine ce qui nous rend ses robots plus proches que les humanoïdes des laboratoires japonais.
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La personnalité des machines laborieuses
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Abonnez-vous dès 1 €Centre des arts d’Enghien-les-Bains, 12-16, rue de la Libération, Enghien-les-Bains (95), www.cda95.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : La personnalité des machines laborieuses