L’ancien réservoir de stockage a beau avoir été débarrassé par l’architecte Xavier Prédine-Hug de sa chaire bétonnée, il reste deux grains au Silo.
Non pas deux grains de céréales, ni même de sable, mais deux grains tout court : celui de la folie d’un couple de collectionneurs éclairés qui, depuis plus de trente ans, cultive l’excellence, et celui des artistes minimalistes qui habitent cette collection de référence. Françoise et Jean-Philippe Billarant ont commencé à collectionner de l’art, d’abord ancien, en 1975 : « On n’y connaissait rien », s’amuse Françoise, dont le propos est aussitôt prolongé par Jean-Philippe : « Un jour, on s’est dit : pourquoi ne pas aller à la rencontre des grands artistes de notre temps ? » La rupture est consommée le jour où le couple voit deux barres suspendues au mur de la Galerie Durand-Dessert. « Nous avons pensé que l’exposition était différée », avant de revenir et de comprendre qu’il s’agissait d’une œuvre d’Alan Charlton. Ce sera donc l’art minimal, le vrai, le pur, le dur, car l’art ne doit pas se donner trop facilement : Andre, Barry, Buren, Honegger, Judd, Lewitt, Morellet, parmi d’autres artistes que le couple va rencontrer et acheter. La collection devient telle que les Billarant lui offrent en 2011 un petit musée privé à Marines (Val-d’Oise), dans un silo à grains déconsacré… Dans son troisième accrochage, conçu « en s’amusant le soir, après dîner, avec de petites maquettes », le Silo en dévoile aujourd’hui un nouvel échantillon. Les perspectives sont fulgurantes : Judd, Downsbrough, Morellet, Serra dès l’entrée du Silo, suivis d’Andre, Lavier, On Kawara, Stanley Brouwn. Plus loin, Morellet voisine avec Decrauzat, de Koning, Sandback et Umberg, tandis qu’à l’étage la conversation est engagée entre Philippe Thomas, Cécile Bart, Toroni, Buren, Parmentier, Weiner, Barry… Signe de la pertinence de l’ensemble, il ressort de toutes ces œuvres pourtant réputées froides et désincarnées de la fragilité, comme un néon coincé entre deux piliers conducteurs qui le tiennent ainsi éclairé par Véronique Joumard, et de l’humour, à l’instar de la toile cirée noire lacérée par Jan Kämmerling dont le résultat formel cite, en même temps qu’il la critique, toute l’histoire de l’art abstrait.
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Du bon grain au Silo
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Abonnez-vous dès 1 €Le Silo, 3, route de Bréançon, Marines (95). Visite sur rendez-vous : tél. 01 42 25 22 64, lesilo@billarant.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : Du bon grain au Silo