Louidgi Beltrame - portrait

« Il m’a fallu longtemps pour le préparer car je voulais aborder Jean-Pierre Léaud, qui est au cœur de El Brujo. » Dans ce film, le vidéaste déplace la dernière scène du film de François Truffaut Les 400 Coups, où le personnage Antoine Doisnel joué par Léaud court vers l’océan, dans le décor d’un site archéologique mochica appelé El Brujo, sur la côte péruvienne. Déplacement spatio-temporel, de 1959 à aujourd’hui, de la Manche au Pacifique, mais toujours plein ouest. Le guérisseur José Luis Picón y rejoue la scène tandis que Jean-Pierre Léaud, à l’autre bout du monde, est filmé déambulant dans les rues de Paris. Le déplacement, les liens qui se tissent dans le temps et dans l’espace sont au cœur du travail de Louidgi Beltrame. De la Villa Arson à Nice jusqu’au Fresnoy, l’artiste s’est toujours intéressé « aux histoires du cinéma », à la modernité et à l’architecture moderniste. Du Pérou au Brésil, jusqu’en Inde, il a récemment coréalisé avec Elfi Turpin Cinelândia, en Super-8, autour de la villa d’Oscar Niemeyer, film dont les voix off sont inspirées d’un script non réalisé de Michelangelo Antonioni. Il filme en 2008 Brasilia/Chandigarh. El Brujo est donc le premier projet tourné à Paris. Lui qui a grandi entre La Réunion, l’Algérie et la Provence, explique que « rien ne vaut le déplacement pour comprendre les choses dans cette époque globale ».