Paris - L’urbanisme sur dalle des années 1970 est tout sauf une sinécure. En témoigne le quartier Saint-Blaise, dans le XXe arrondissement, à Paris, enclave de 4 hectares abritant quelque 78 % de logements sociaux, dans lequel l’architecte Bruno Rollet vient de livrer un centre social.
Ledit contexte s’est cristallisé en un cahier des charges corsé, la taille du projet – 323 m2 – étant, en effet, inversement proportionnelle à la somme des contraintes imposées par le site. Jugez plutôt. D’abord, l’existant : un ancien local commercial, banale structure de béton sur un niveau. Ensuite, les abords : d’un côté, à l’est, une tour de 85 m de haut. De l’autre, à l’ouest, un édifice de logements de quatre étages s’étirant sur 60 m de long. Sous la dalle, trois niveaux de stationnements. Enfin, cerise sur le gâteau, si l’on ose dire : le projet s’adosse à une gaine de ventilation des parkings et est traversé par une cheminée d’extraction des fumées des caves situées sous la tour. Bref, une situation pas des plus folichonnes.
Compte tenu du budget – 833 000 euros HT –, plutôt que de tout démolir, Bruno Rollet a préféré « repenser le projet à partir de l’existant », option « plus économique », mais « qui exigeait de mettre la science constructive au service d’un bâtiment ingrat ». Son objectif : « aller chercher la lumière ». Au rez-de-chaussée, côté nord, l’architecte a ainsi « grignoté » les murs jadis aveugles et installé de larges baies vitrées pour faire entrer la lumière naturelle, ouvrant, de fait, le lieu sur des jardins arborés auxquels il tournait auparavant le dos. Il a, en outre, créé un patio, autour duquel s’articulent diverses salles, dont un atelier cuisine.
Un système de cloisons amovibles permet, le cas échéant, de moduler les espaces. Idem à l’étage, où l’on trouve, notamment, une grande salle de réunion. Située plein sud, celle-ci offre une vue plongeante sur la « fameuse » dalle et les tours alentour, par une vaste paroi vitrée dont les volets, en aluminium brossé, sont perforés de trous de différents diamètres qui dessinent comme des constellations. Son toit à pans coupés est entièrement habillé d’inox.
« Les tours éloignent le ciel du sol, estime Bruno Rollet. Cette couverture en inox qui reflète et renvoie à l’envi la lumière naturelle fait, en quelque sorte, “redescendre’’ le ciel au niveau de la dalle. » Sur la façade d’entrée, au lieu de l’habituel « rideau de fer », se déploie une palissade ajourée constituée de 330 gaulettes de châtaignier des Charentes. Un soupçon de nature pour bousculer la minéralité uniforme alentour, pour ne pas dire « la brutalité de cette dalle de béton » (dixit Rollet).
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A ciel ouvert
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Centre social Saint-Blaise, square Vitruve, Paris-20e. Le local, propriété du bailleur France Habitation, est loué à l’association Soleil Saint-Blaise, qui y dispensera soutien scolaire, cours de cuisine et accompagnement social
A savoir
Déployé entre l’ancienne petite ceinture et les boulevards des Maréchaux, à Paris, le quartier Saint-Blaise se trouve dans l’une des zones urbaines les plus denses d’Europe : plus de 15”‰000 habitants sur quelque 19 hectares. Depuis 2010, la Semaest (Société d’économie mixte de la Ville de Paris) y conduit la recomposition du périmètre Cardeurs-Vitruve, premier secteur opérationnel du Grand Projet de renouvellement urbain (GPRU)
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : A ciel ouvert