Grands d’Espagne, de l’Ermitage à l’Hermitage

Près de cent soixante tableaux ont été ainsi réunis dans le musée des bords de la Neva. Une quarantaine arrive pour la première fois aux Pays-Bas et s’ancre sur le canal de l’Amstel. Heureuse correspondance entre les salles, l’accrochage des œuvres sur fond rouge est à quelques variantes près le même dans les deux lieux, proposant au visiteur un double voyage historique et artistique. Le thème religieux est mis à l’honneur avec des tableaux aux accents mystiques de Ribera, Murillo, Ribalta et El Greco. Né à Naples, alors espagnole, Luca Giordano en impose plus avec La Forge de Vulcain (1660) que Velázquez, représenté par deux petits portraits.

Rassemblés sous le terme général d’« Âge moderne », les sujets de la seconde partie du parcours évoquent la corrida, la danse, la ruralité. Les personnages au réalisme robuste d’Ignacio Zuloaga, les scènes de genre sous la touche nerveuse de Mariano Fortuny et les gravures mordantes de Goya constituent autant de repères dans la vie sociale locale. Comme il est de règle là-bas, les tableaux sont ici également accompagnés d’objets de noble facture, que ce soit une dague de Tolède, une cloche aztèque en or ou deux faïences signées Picasso. Un curieux mais séduisant mélange !