Les premiers mots qui viennent à l’esprit en arpentant l’exposition de Zao Wou-Ki à la Fondation Pierre Gianadda sont énergies et rythmes.
Une cinquantaine de toiles, parmi lesquelles des grands formats de trois à cinq mètres de longueur, et une trentaine d’encres de Chine sur papier plongent les regards dans des univers vibrants d’énergies. Paradoxalement, beaucoup d’œuvres irradient un irénisme serein, comme une réconciliation avec un monde animé d’énergies contradictoires. Les très grandes toiles, visibles dès que l’on pénètre dans la Fondation depuis les coursives surplombant le vaste atrium minéral, s’imposent comme de flamboyantes présences. Les jaillissements des bleus flanqués de surfaces chaudes de Triptyque 1987-1988, une huile sur toile de 200 x 486 cm, s’affirment comme une heureuse cristallisation de dynamiques primordiales. Né à Pékin en 1920, Zao Wou-Ki s’éteint en 2013 dans le canton de Vaud (Suisse) où il vivait depuis 2011. Cette exposition est aussi une histoire d’amitié. Léonard Gianadda, président de la Fondation dédiée à son frère Pierre décédé tragiquement il y a trente-neuf ans en portant secours à des camarades, connaît Zao Wou-Ki depuis un quart de siècle. La dernière rencontre entre Léonard et le peintre a eu lieu à la Fondation un mois exactement avant la disparition de l’artiste. Zao Wou-Ki était venu pour le vernissage de la rétrospective de Sam Szafran, un autre ami de longue date. Ce fut sa dernière sortie publique. Cet hommage propose un parcours chronologique. Sans titre. Nature morte aux pommes (1935-1936) y est l’unique œuvre réalisée avant l’arrivée du peintre à Paris en 1948. L’influence cézannienne est manifeste. Le jeune Zao Wou-Ki a reçu à l’école des beaux-arts de Hangzhou un enseignement de la peinture traditionnelle chinoise doublé d’une formation transmise par des professeurs belges et français. Dès le milieu des années 1950, l’artiste réinvente ses propres espaces picturaux. L’exposition permet d’apprécier les évolutions du parcours aussi flamboyant que rigoureusement maîtrisé de ce peintre né en Chine, naturalisé français en 1964, impossible à classer dans les cases « peintre chinois » ou « peintre français ». Il est Zao Wou-Ki, tout simplement. Un seul bémol à cette dense rétrospective : le peu de recul face à certaines œuvres de moyen format.
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Zao Wou-Ki, une rétrospective énergique
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum 59, Martigny (Suisse), www.gianadda.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°687 du 1 février 2016, avec le titre suivant : Zao Wou-Ki, une rétrospective énergique