Performances pataphysiques sous l’œil du Roi Ubu

Celui du 13 février sera un brin fêlé, draguant avec lui son lot d’idiotie et d’absurde, puisqu’il convie à la fête l’écrivain et dramaturge Alfred Jarry. Le père du Roi Ubu, inventeur de la pataphysique, y parrainera de son anticonformisme un nouveau festival de performances. Organisé en marge de l’exposition « Alfred Jarry Archipelago » et dédié à ces « zones intermédiaires » entre arts plastiques et spectacle vivant, il sera injecté massivement sur quelques heures (de 14 h à minuit). Forme concentrée et programmation d’ADN hybride qui, si elle s’inscrit dans la tendance actuelle – il suffit de regarder du côté du Centre Pompidou et de son feu Nouveau Festival –, répond surtout à la vocation pluridisciplinaire du lieu. En maîtresse de cérémonie, la performeuse Dominique Gilliot assurera à la fois l’ambiance et la logistique – ne soyez pas étonnés de la retrouver entretenant les jardins. À l’intérieur des bâtiments en brique rouge, Sarah Vanhee déballera consciencieusement sa montagne de déchets accumulés tandis qu’une cantatrice entonnera les commentaires de « youtubeurs » mécontents (Cally Spooner). Le théâtre en bois d’Hugues de Cointet fera entendre ses voix en canon tandis que résonneront les étranges chants d’oiseaux humanoïdes du plasticien Petrit Halilaj (le même qui a représenté le Kosovo à la 55e Biennale de Venise). Également à l’affiche : de l’amateurisme (avec les dérapages de Kasia Fudakowski), des films (à la rencontre du misanthrope fêtard de Il est des nôtres), des discussions de comptoir (sur l’inutilité du théâtre !) et des lectures ubuesques. À 20 h 45, Les Chiens de Navarre testeront la « qualité du parquet » dans un spectacle délicieusement inepte revisitant l’histoire de la danse, du Boléro de Maurice Béjart au Sacre du Printemps de Pina Bausch. Et ça, à quelques sauts de RER de Paris…