Une exposition exclusivement consacrée à dix-huit femmes artistes du début du siècle dernier, proches de la galerie berlinoise « Sturm », voici une manifestation qui réserve de belles surprises.
D’autant que nombre de ces créatrices sont aujourd’hui peu ou prou oubliées. L’histoire commence en 1910. L’écrivain, éditeur et compositeur Herwarth Walden (1878-1941) fonde la revue Der Sturm avec l’ambition de défendre l’art expressionniste. Walden fait rapidement du mot Sturm,
qui signifie « orage » ou « assaut » en allemand, un véritable label. Il ouvre la Sturm Galerie à Berlin en 1912 et y organise rapidement des expositions de portée internationale. Il crée également une école d’art, Sturm, en 1916, une librairie Sturm l’année suivante, puis un théâtre en 1918. De nombreux artistes qui connaîtront la notoriété, tels Vassily Kandinsky, Paul Klee, Marc Chagall, August Macke, Kurt Schwitters, Franz Marc… participent au mouvement. On redécouvre aujourd’hui que Walden prêtait également une grande attention aux artistes femmes, chose rare à l’époque. Un cinquième des artistes qu’il exposait étaient des femmes. Parmi les noms les plus connus, citons Sonia Delaunay, Natalja Gontscharowa, Gabriele Münter, Alexandra Exter, bien sûr présentes dans l’exposition. Heureuse scénographie, un parcours tout en longueur permet de découvrir chaque artiste sur des cimaises clairement délimitées. L’ultime espace accueille les costumes multicolores, extravagants « masques pour le corps » grandeur nature, de Lavinia Schulz (1896-1924). Étonnamment atemporels, réalisés avec les matériaux les plus divers – métal, textile, carton, végétaux… –, ils semblent aujourd’hui encore animés d’une vie inquiète. Danseuse, comédienne, costumière, l’artiste mit fin à ses jours après avoir exécuté son mari. Autres impressionnantes redécouvertes, les dessins d’une saisissante liberté d’Else Lasker-Schüler (1869-1945), les peintures de Sigrid Hjertén (1885-1948) et les compositions hautes en couleur et en audace de Nell Walden (1887-1975). L’aventure prend fin en 1932, Walden doit fermer sa galerie et arrêter la publication de la revue Der Sturm.
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Des femmes dans la tempête
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Abonnez-vous dès 1 €Shirn Kunsthalle Frankfurt, Römerberg, Francfort-sur-le-Main (Allemagne), www.schirn.de
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°686 du 1 janvier 2016, avec le titre suivant : Des femmes dans la tempête