Le Musée de l’École de Nancy offre un éclairage édifiant sur l’École de Nancy plongée au cœur du contexte politique de l’époque et sur l’engagement de ses deux présidents successifs : Émile Gallé et Victor Prouvé.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. » La citation de Victor Hugo est inscrite sur le vase qu’offre le premier au second en 1896. Ces luttes ne se lisent pas immédiatement sur les œuvres de Gallé ; pourtant, elles reflètent l’esprit humaniste et épris de justice de celui-ci, l’étude récente de sa correspondance le dévoilant sous un jour nouveau [lire aussi p. 24]. Le vase Ma carrière est la justice ne peut en témoigner de façon plus claire. Les premières salles abordent le contexte particulier de Nancy, profondément touché par la guerre franco-prussienne. Les scènes satiriques sur les assiettes à dessert des usines Gallé expriment déjà un patriotisme virulent et se lient avec les défenseurs des peuples opprimés, comme les Arméniens. Mais c’est l’affaire Dreyfus qui cristallise les tensions. Le four verrier de Gallé présenté à l’Exposition universelle de 1900, manifeste poétique et politique sur « l’affaire », n’est pas compris. La presse antidreyfusarde est aussi violente envers lui que sa production verrière est sombre. Une presse qu’il caricature sous les traits d’une femme grimaçante trempant sa plume dans le noir des baies de sureau sur la fiole La Calomnie. Prouvé, lui-même engagé, le prévient cependant : « Ce n’est qu’avec l’absence d’allusions malheureuses, de partis pris, que tous adhéreront. » L’École de Nancy subit en effet les divisions intestines de la période. D’où un certain silence qui s’est installé après la mort de Gallé, pour ne retenir jusqu’à aujourd’hui que l’artiste qu’il fut.
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Gallé, l’engagé
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des beaux-arts, 3, place Stanislas, Nancy (54), mban.nancy.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°686 du 1 janvier 2016, avec le titre suivant : Gallé, l’engagé