PARIS
La maison de Victor Hugo n’hésite pas à explorer la figure de l’auteur dans toutes ses dimensions. Après son affection pour le spiritisme, elle questionne le paradoxe entre l’homme à la réputation sulfureuse et l’étonnante pudeur de ses écrits, dans un XIXe siècle pris entre excès et censure.
« On souhaitait questionner cette contradiction entre une vie amoureuse riche et une œuvre silencieuse, ou, en tout cas, qui ne se donne pas immédiatement, comme les poèmes aux femmes de sa vie livrés de façon posthume », explique Vincent Gille, le commissaire de l’exposition. La première grande scène érotique intervient dans une grande violence sous la plume d’un Victor Hugo chaste, voué à Adèle Foucher, entre Frollo et Esmeralda dans Notre-Dame de Paris. Elle est illustrée par les gravures de Vivant-Denon et les aquarelles de Louis Boulanger. La seconde et dernière, plus sensuelle, paraît chez un auteur en pleine possession de sa création, dans L’Homme qui rit, quand Gwynplaine découvre la duchesse Josiane nue.
Le fil conducteur de l’exposition, cette ardeur retenue qui dépasse le trivial pour devenir une puissance créatrice, paraît simple au premier abord. Or, le propos est nourri par les tensions d’un siècle hypocrite où les premières photographies pornographiques se passent sous le manteau, où Rodin doit intituler sa sculpture de femme aux jambes écartées Isis, messagère des dieux pour éviter la censure. Il s’enrichit des œuvres des contemporains, des jeunes femmes nues peintes par Ingres et Chassériau, des aquarelles de Rodin, de la pieuvre érotique dans l’estampe d’Hokusai, à côté des lettres de Hugo à ses maîtresses. C’est en réalité une habile évocation de tout un siècle, celui de Hugo, et de son rapport à la sexualité transposé sur la toile et le papier.
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Un siècle érotique
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Abonnez-vous dès 1 €Maison de Victor Hugo, 6, place des Vosges, Paris-4e, www.maisonvictorhugo.paris.fr
Légende Photo :
Victor Hugo, Sub clara nuda lucerna, plume et lavis d’encre brune, crayon graphite sur papier, 19,6 x 31,6 cm, Maison de Victor Hugo, Paris. © Photo : Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°686 du 1 janvier 2016, avec le titre suivant : Un siècle érotique