Bretécher, une grande dame de la BD à la pbi

Au sein d’une scénographie agencée en trois parties (« Elle », « Claire Bretécher et la presse », « Époque »), le spectateur et lecteur découvre que cette dessinatrice virtuose, née en 1940 et formée aux Beaux-Arts de Nantes, est à la fois une artiste aux multiples facettes (elle est aussi peintre, réalisant des portraits émouvants de ses proches), une bédéiste à l’aise avec les médias (une collaboration au Nouvel Observateur de près de trente-cinq ans) et, effectivement, une sociologue hors pair ayant su, avec tendresse et cruauté, créer des personnages miroirs nous renvoyant à nos petits calculs et mesquineries. Les machos, les féministes outrancières, le racisme, l’adolescence, la famille…

Cette femme entière a su avec un humour corrosif, façon Franquin ou Reiser, portraiturer le monde social d’hier et d’aujourd’hui. Et, par les temps qui courent, en proie à l’obscurantisme religieux, cette expo artistique et sociétale s’avère plus que nécessaire. Seul bémol : puisque le dépliant informatif qualifie Claire Bretécher de « figure majeure de la bande dessinée », ce qu’elle est manifestement, on peut s’étonner qu’elle soit exposée, à l’instar du grand Art Spiegelman en 2012, à la BPI du Centre Pompidou, au sein d’espaces fort exigus, alors qu’elle méritait très largement d’être montrée sur les cimaises plus grandes du quatrième ou du sixième étage du Centre.