Le Roi-Soleil pouvait-il s’éteindre comme le commun des mortels ? Durant tout son règne, le plus long et le plus glorieux de l’histoire de France, le monarque s’est comporté en dieu vivant.
Son trépas fut donc à l’image de son existence : une grandiose représentation baroque. À l’occasion du tricentenaire de son décès, survenu le 1er septembre 1715, le château de Versailles fait revivre les dernières heures de Louis XIV. Cette exposition, la première à s’emparer du sujet, vient couronner plusieurs années de recherches transdisciplinaires sur la question. Elle retrace cet événement crucial pour ses contemporains tout en le contextualisant dans la tradition des funérailles royales. Le château s’aventure sur un terrain semé d’embûches, car les pièces relatives aux obsèques sont des créations éphémères. En outre, les rares objets et vestiges pérennes ont été majoritairement détruits à la Révolution. Pour contourner ces écueils, la manifestation joue la carte d’une scénographie spectaculaire, riche en reconstitutions et en évocations. D’entrée de jeu, le visiteur gravit, au son de la marche funèbre, un escalier drapé de noir qui le mène à une restitution de la chapelle ardente dressée dans la basilique Saint-Denis. Face à cette débauche de faux marbre noir, de chandelles et de squelettes dorés, impossible de ne pas avoir quelques frissons. S’enchaînent ensuite une dizaine de salles au propos très varié : des œuvres reflétant les oraisons funèbres, une galerie de portraits montrant les forces en présence au chevet du mourant, des objets rappelant les modalités de l’autopsie, mais aussi des gravures illustrant le convoi mortuaire et la pompe funèbre. Si par le passé la mise en scène très marquée de Pier Luigi Pizzi ne nous a pas toujours emballés, elle trouve ici sa raison d’être tant elle parvient à traduire la dimension opératique de l’événement. Seule faute de goût, la suggestion d’un cadavre recouvert d’un drap dans l’espace dédié à l’ouverture du corps flirte trop avec le sensationnalisme.
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Le roi est mort, vive la pompe funèbre !
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Abonnez-vous dès 1 €Château de Versailles, place d’Armes, Versailles (78), www.chateauversailles.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°686 du 1 janvier 2016, avec le titre suivant : Le roi est mort, vive la pompe funèbre !