Le militant - Jérôme Poggi

« Être galeriste, c’est faire un pont entre l’art et la société », dit celui qui a monté sa galerie « à la force des mains ». Une formule qui serait toute faite si l’intéressé n’était pas engagé depuis toujours sur divers fronts de l’art, comme auprès des Nouveaux commanditaires, cette structure « non-profit » qui permet à tout un chacun de passer commande d’une œuvre d’art pour un quartier, une école, un club de foot. C’est que si le galeriste est là pour faire « commerce d’art », il réfléchit à la responsabilité sociale de sa galerie : « Je veux intervenir sur beaucoup plus que le marché. » Ceci explique son rapprochement avec l’université, « où sont les dirigeants de demain. » Il faut dire que son parcours lui offre le recul que n’ont pas toujours ses confrères : centralien, il use ensuite les bancs de l’EHESS qui lui ouvre la voie d’une thèse de doctorat sur les origines des galeries. Après son service militaire passé dans la coopération, il est nommé directeur adjoint du centre d’art Kerguéhennec, participe à l’aventure du Cipac, puis ouvre sa première galerie en 2009, près de la gare du Nord. En 2014, l’enseigne déménage rue Beaubourg, au pied « de la montagne » Centre Pompidou. Son rêve ? Commander une enseigne à un artiste, comme le fit en son temps Gersaint à Watteau. L’enseigne, dit-on, fit bruisser tout Paris. Comme Poggi aujourd’hui.