La Lenbachhaus, institution munichoise bien connue pour sa riche collection de peintures du Blaue Reiter, s’est aventurée cet été du côté de l’art engagé post-68.
Lea Lublin, ce nom ne parle plus guère au monde de l’art français. Et pourtant, cette artiste d’origine polonaise en fut l’un des éléments les plus actifs dans les années 1970 et 1980. Même si l’artiste pratiquait déjà depuis les années 1950, produisant une peinture sage et sans grand relief dont elle ne se satisfaisait pas, Stephanie Weber, la jeune conservatrice qui a porté le projet de cette rétrospective, a décidé de se concentrer sur les œuvres créées après 1965. Car avec Voir clair, La Gioconda aux essuie-glaces, daté de 1965, Lea Lublin rompt définitivement avec le classicisme pictural, voulant « rendre visible des choses que les gens ne voulaient pas voir, ne regardant que des beaux tableaux ». Y est en germe tout une conception de l’interaction œuvre/spectateur, que l’on retrouve dans ses installations. Certaines qui ont disparu ont été tout simplement recréées à partir de la nombreuse documentation que Nicolas Lublin, le fils de l’artiste, possède. Son admiration pour Duchamp transparaît aussi, de façon littérale quand elle reprend dans une de ses compositions une copie de l’Urinoir, ou plus diffuse dans son utilisation détournée des mots et des objets anodins. Assurément féministe, Lublin offre à la société patriarcale et pudibonde une réponse toute en nuance. Intellectuellement proche de Valie Export, elle use cependant de beaucoup plus de subtilité et de sarcasme que sa consœur, poussant à une réflexion plus intense. Au sortir de l’exposition, une question brûle les lèvres : pourquoi une telle rétrospective n’a-t-elle pas encore eu lieu en France ?
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Les engagements de Léa Lublin
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Abonnez-vous dès 1 €« Lea Lublin », Lenbachhaus, Munich (Allemagne), www.lenbachhaus.de
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Les engagements de Léa Lublin