La renaissance de Phryné

Par Pierre Morio · L'ŒIL

Le 26 août 2015 - 228 mots

Roman - Qui était Phryné (littéralement « crapaud » en grec ancien), célèbre prostituée grecque dont la plastique parfaite, les frasques et la vie publique inspirèrent artistes et penseurs du IVe siècle avant notre ère ?

De sa jeunesse dorée à Thespies, cité de Béotie, aux banquets athéniens où elle fut l’une des plus brillantes hétaïres – « compagnes » en grec, ces femmes étaient bien plus que des prostituées de luxe –, Christophe Bouquerel nous narre la vie imaginée de cette femme dont de nombreux témoignages de sa remarquable beauté sont arrivés jusqu’à nous. À commencer par l’Aphrodite de Cnide, que Praxitèle, réputé pour être l’un de ses amants les plus assidus, sculpta sous les traits gracieux de la belle. Selon Pline l’Ancien, tous recherchèrent réconfort et passion dans les bras de Phryné, mais aussi l’inspiration. Sa vie dissolue, son indépendance sulfureuse lui valurent aussi les honneurs des chroniques antiques, reprises par les grammairiens Athénée et Callistrate, dont les anecdotes enflammèrent aussi l’imagination des peintres et écrivains du XIXe siècle. Elle a notamment inspiré une toile à Jean-Léon Gérôme (Phryné devant l’aréopage, 1861) et un opéra à Camille Saint-Saëns (Phryné, 1893). Entre fresque romanesque et portrait, l’auteur réussit, dans un style passionné et captivant, à redonner vie et parole à cette beauté qui, au fil des siècles, n’a rien perdu de son statut de femme fatale et farouchement indépendante.

Christophe Bouquerel, La Première Femme nue, Actes Sud, 1 200 p., 27 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : La renaissance de Phryné

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