Cinéma - « Je connais un vieil excentrique. Tantôt il dessine un Bodhidharma géant sur une surface de cent vingt tatamis.
Et tantôt il dessine deux moineaux sur un grain de riz. Ce drôle de bonhomme est mon père. » Plutôt que de faire un film axé sur l’artiste japonais le plus célèbre au monde, le cinéaste Keiichi Hara choisit de raconter l’histoire d’une saga artistique en portant son attention sur la fille de Katsushika Hokusai (1760-1849), O-Ei, aussi caractérielle et virtuose que son père ! Les spécialistes n’estiment qu’à une dizaine les œuvres créées avec certitude par elle ; en revanche, beaucoup de productions attribuées uniquement à Hokusai sont en fait le fruit d’une création bicéphale. Ce beau film nippon, adapté du manga Sarusuberi de Hinako Sugiura, est à ne pas rater. D’une part, son histoire est prenante : via un conte initiatique, qui suit le périple mouvementé d’une jeune femme de 23 ans à l’esprit libre, ce long métrage est aussi un récit historique brossant avec souffle le portrait du Japon du XIXe siècle, période Edo, fasciné par les « images du monde flottant ». D’autre part, citant sans jamais plastiquement plagier Hokusai – on retrouve quand même à l’écran le portrait gigantesque de Dharma et La Grande Vague de Kanagawa –, ce film, mâtinant onirisme débridé et précision réaliste, fait preuve d’une réelle patte d’auteur. Plutôt que de rappeler Miyazaki, le grand maître en la matière, Miss Hokusai évoque davantage, de par son sens de l’observation sociale et la sobriété de ses plans, un certain Ozu. C’est dire la puissance poétique de ce film ambitieux, qui a reçu en juin dernier le prix du jury au Festival international du film d’animation d’Annecy.
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Visite à Hokusai, père et fille
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Abonnez-vous dès 1 €Miss Hokusai, film d’animation en couleurs de Keiichi Hara (Japon, 2015), 90 min, sortie le 2 septembre 2015.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Visite à Hokusai, père et fille