PARIS
Seize ans après la rétrospective Germaine Krull (1897-1985) organisée par le Museum Folkwang d’Essen (Allemagne), reprise en 2000 par le Centre Pompidou, Michel Frizot revient sur l’œuvre avec une triple intention : resituer la place de la photographie dans la biographie de cette femme libre ; montrer la réalité de son travail et révéler aux côtés d’images iconiques d’autres vintages marquants découverts au cours de ses recherches dans des fonds inexplorés.
« Il s’agit de se départir de la vision de Germaine Krull, artiste d’avant-garde. Elle est avant tout reporter, dit-il. Elle fait de la photographie pour qu’elle soit reproduite dans des magazines ou des ouvrages. Elle est la photographe qui durant l’entre-deux-guerres a d’ailleurs fait le plus de livres. » Et l’historien de la photographie, en se concentrant essentiellement sur ces années parisiennes, autrement dit sur la plus grande partie de son œuvre, de le démontrer en renvoyant régulièrement les tirages exposés à leur édition dans des livres, revues, romans-photos ou catalogue d’entreprise.
Études de nus féminins, chastes ou érotiques, photographies de grues, de ponts ou de Paris, romansphotos ou portraits étranges de gazinière ou de seaux à charbon pour la Société générale de fonderie : la photographe allemande ose des cadrages, des approches originales. Comme dans la vie, elle n’a peur de rien. Elle donne du corps, une vie propre à ses images.
Le propos de Michel Frizot réfléchit cet esprit vif, vivace, engagé, ses goûts aussi (pour la voiture, la vitesse), ses curiosités et ses fascinations. Le chapitre sur sa « collection de mains », main de Jean Cocteau ou de Colette, constitue à ce titre l’un des plus beaux moments de l’exposition qui n’en manque pas, tandis que les textes de Michel Frizot dans le catalogue (éditions Hazan) abordent longuement ces années 1928-1931, période prolixe, cœur de l’œuvre. La suite, la guerre, la résistance, la libération du camp de concentration de Vaihingen, l’Asie, sont abordées brièvement comme dans les salles du Jeu de paume. Trop brièvement ? Pas certain. Car c’est durant ces années 1928-1931 que Germaine Krull forge et établit son destin de photographe.
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Germaine Krull - Jeu de Paume
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Légende Photo :
Germaine Krull, Usine électrique, Issy-les-Moulineaux,1928, tirage gélatinoargentique, 22,6 x 16,6 cm, Amsab-Institut d’histoire sociale, Gand. © Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Germaine Krull - Jeu de Paume