Plasticienne On la surnomme « la dame blanche », pour son usage quasi exclusif de la non-couleur (enrichie depuis quelques années de rose et de jaune).
Mais cette Autrichienne venue étudier en France, pour échapper à la torpeur d’une Vienne sous influence du Rideau de fer, nourrit sa « palette » de lumière et non de pigments. Il suffit de poser un pied dans son atelier de Montreuil, un petit paradis préservé du chahut urbain ouvert sur une large baie vitrée, pour y voir clair. Nous barrant le passage, une rangée de fils transparents, sur lesquels les oiseaux pourraient se poser, accrochent les rayons du soleil. Perchoir soudain changé en nappe miroitante. « Je n’ai jamais appris la peinture, je viens du paysage », lance-t-elle entre deux éclats de rire contagieux. Susanna Fritscher a commencé par mouler des carrières de pierre, intéressée par tous les médiums et aucun en particulier. Puis elle peint au pistolet des plaques de verre, faisant advenir lentement le visible, couche par couche, projette des films de lumière et s’attaque à l’architecture. C’est le passage à la grande échelle. La cour du Frac Lorraine se couvre d’une pellicule d’eau ; elle troue de puits transparents l’aéroport de Vienne, transforme le plafond des Archives nationales en surface réfléchissante, à la fois mer et ciel. Susanna Fritscher fait avec « ce qui est là », « mâche » le réel sans en perdre une miette, prenant la juste mesure de sa saveur et de sa dureté et floutant sa perception. Comme son idole, l’écrivain Ingeborg Bachmann, elle sait que la blancheur contient en elle tous les crépuscules.
1960
Naissance en Autriche
1981-1982
S’installe à Bourges pour étudier à l’école des beaux-arts
2005
Le Domaine départemental de Chamarande lui consacre une exposition personnelle : « L’Esprit des lieux »
2008/2012
Livraison des plafonds des Archives nationales du nouveau site de Pierrefitte dans le cadre du 1 % artistique
2012
Installations pour l’aéroport de Vienne
2015
De mars à mai, exposition « Capture/The Eyes » à l’Espace de l’art concret de Mouans-Sartoux, Elle partage avec le graphiste Ruedi Baur la direction artistique des façades du nouveau quartier de l’Étang, à Genève
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Susanna Fritscher - La clairvoyante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Susanna Fritscher - La clairvoyante